Andrea Sachs, dite Andy, fraîchement diplômée en journalisme, se fait embaucher chez Elias-Clark, qui édite la revue Runway, la bible internationale, tenue d'une main de fer par la Femme-dragon, sa rédactrice en chef, Miranda Priestley. Son recrutement pour un an comme assistante auprès d'elle relève déjà de l'exploit : elle ne s'intéresse pas à la mode et n'avait jamais lu auparavant la revue en question. Son culot et son audace l'y ont aidée... à son grand désespoir par la suite...
Miranda est un vrai tyran de l'absurde, une Ubu-Reine de la mode, qui exige qu'on trouve pour ses jumelles un manuscrit d'un livre non encore paru, qu'on lui affrète un jet privé par temps d'ouragan quand tous les avions commerciaux sont cloués au sol, que soient prêts à la seconde ses cafés, déjeuners, livraisons de vêtements de luxe dont elle a passé commande.
Elle est chapeautée par Emily - "Em" -, l'ex assistante junior, passée assistante senior : Andy la seconde désormais. Elle admire la diva de la mode. Dans sa vie privée, Andy a un petit ami, Alex, ses parents, sa soeur enceinte, sa meilleure copine Lily, étudiante.
Emily, atteinte de mononucléose infectieuse "carabinée" (si ça n'est pas un pléonasme) est clouée à l'hôpital : à son grand dam, elle ne peut pas accompagner Miranda à Paris pour la semaine des défilés de mode, et c'est la consécration pour Andrea, qui doit l'y remplacer sur-le-champ.
Par ailleurs, elle est au bord de tomber sous le charme de Christian, romancier à succès et grand séducteur, et, du même coup, dans l'adultère. Succombe-t-elle ? Pour le savoir, lisez jusqu'au bout.
Andy a donc fini par se prêter au jeu, sans même véritablement s'en rendre compte : de peur de se faire virer, elle compose et obéît aux caprices les plus futiles de Miranda. Alex, qu'elle ne voit quasiment plus, s'attriste et sa vie sentimentale se dégrade. Elle n'a pas le temps de voir son neveu qui vient de naître, et Lily, devenue depuis peu sa colocataire, prend la pente savonneuse de l'alcoolisme et tombe un jour dans le coma, dont elle se remet, heureusement, après un accident de voiture. C'est ce qui crée le dénouement, un peu attendu en soi, mais dont les circonstances consistent la surprise.
Il est étonnamment fait allusion à Anna Wintour, la directrice de Vogue, qui a inspiré le personnage de Miranda, pour devenir un personnage autonome.
Le roman est très drôle, et bourré d'anecdotes croustillantes de sadisme. J'ai chaviré, comme une vraie midinette, entre désopilement et compassion. C'est un peu long, mais ça se laisse bien lire.
J'ai vu le film avant. Meryl Strip y est géniale. Elle porte le film.
Il est amusant de voir les différences entre la trame originelle et le scénario. Le roman, assez long, est évidemment plus fouillé : les personnages, bien qu'assez caricaturaux, pour faire rire, sont mieux décrits psychologiquement, tandis que le film, très distrayant, est avant tout une comédie de masse : il y a donc eu des simplifications.
Mais il a été opéré des modifications : dans le film, le roman non paru arrive dans les mains des jumelles, ce qui n'est pas le cas dans le roman. C'est Emily qui s'occupe du fameux vol par temps d'ouragan, alors que, dans le film, c'est Andy qui en écope. Dans le film, Miranda décide sciemment d'évincer Emily du voyage à Paris, la veille où elle a un accident de voiture. Lily se retrouve photographe dans le film, et pas étudiante, ni colocataire d'Andrea. Elle ne devient pas alcoolique et n'a pas d'accident. Elle est beaucoup moins présente dans le film que dans le roman. Dans le film, Andrea vit avec Alex, qui est là cuisinier, et elle n'a pas de soeur. Dans le film, une concurrence professionnelle à laquelle est confrontée Miranda n'apparaît pas dans le roman. Le film a grossi encore les relations Miranda-Andrea : elle finit quasiment à sa dévotion, et part d'un peu bas socialement. La fin n'est pas tout à fait pareil, mais de la même teneur.
C'est un bon moment. Je le recommande à tout le monde. Si vous détestez la mode, cela vous confortera vos impressions ; si vous êtes attiré par ses paillettes, cela vous fera rire et un chouilla rêver. C'est très américain ; il n'y a rien de trop méchant à craindre.