J'avais faim et je décidai de me mettre à table pour un festin ! Un festin onirique qui nourrirait mon esprit et surtout mon âme, si tant est qu'elle existât quelque part au tréfonds de moi même. Il est si pratique de croire que l'on a une âme cela permet de se sentir immortel. Au pays de l'absurde, des hallucinations, des terres marécageuses d'un écrivain camé, rongé par la folie, dérouté de tout, de tous et surement de lui même je cherchai une sente, un semblant de piste. Se guider était inutile, une gageure. Comment se retrouver quand les mots t'ensevelissent, te recouvrent, deviennent gris uniforme et perdent toute substance, tout lien. Je décidais alors de fantasmer moi aussi pour m'insérer dans le délire surréaliste. J'étais à Interzone et lentement je me laissai gagner par l'alchimie des mots. Il me sembla alors apercevoir une architecture chimérique mais sortant des pages quelques personnages étranges essayèrent de me percer les yeux, ils me tiraient et j'eus l'impression qu'ils voulaient me noyer, m'étouffer en m'enfonçant des mots dans la gorge. Qui étaient-ils ? Que faisaient-ils ? Ils ne représentaient rien juste des substances fantomatiques auxquelles je ne pouvais, ne savais, ne voulais pas m'accrocher. C'était réellement éprouvant, effrayant et en même temps d'un ennui si lourd, graisseux et collant comme de la vaseline. Très vite je lachais prise, les formes, toute la réalité se déforma et soudain pris d'un haut le coeur je me vis vomir. Mon esprit s'était détaché. Il regardait ce type en bas qui dégobillait un flux ectoplasmique sur une page blanche et les mots que j'avais ingéré avec tant de difficultés sortirent dans un vagissement lugubre. Tout mon corps vibrait pris de contractions péristaltiques, de spasmes. J'était rejet. Délivré de cette pate collante, bavant le papier je m'allongeais du mieux que je le pus pour essayer de récupérer après cette épouvante.
J'étais sur le dos le ciel était si bleu, quelques nuages se massaient en formes fantasmagoriques qui me rassuraient alors doucement je m'endormis.

SombreLune
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs livres sur la drogue

Créée

le 4 févr. 2020

Critique lue 380 fois

4 j'aime

SombreLune

Écrit par

Critique lue 380 fois

4

D'autres avis sur Le Festin nu

Le Festin nu
hillson
8

Le voyage brut

Le Festin nu, ce n’est pas un livre qui se résume. Ni qui se raconte. Ce n’est même pas vraiment un roman. La seule chose qui soit vraiment sûre, c’est que le Festin nu est un livre. C’est un récit...

le 12 août 2013

20 j'aime

Le Festin nu
Gand-Alf
7

Pandemonium.

Ouvrir un livre comme "Le festin nu" c'est renoncer automatiquement à toute forme de récit classique et linéaire, c'est accepter l'inacceptable, c'est plonger dans un univers fantasmagorique où...

le 3 août 2014

17 j'aime

Le Festin nu
louisa
10

What else ?

Je suis restée scotchée par ce livre, certainement le meilleur que j'ai pu lire de Burroughs, récit halluciné mêlant thèmes autobiographiques et rêves schizophrènes, texte "sans filet" qui s'organise...

le 25 févr. 2011

17 j'aime

1

Du même critique

Never for Ever
SombreLune
10

Envoûté par la sorcière du son !

Est-ce que Kate Bush est une sorcière ? Oui ! Elle est une magicienne une grande prêtresse du son, du piano, des mélodies, des ambiances tour à tour éthérées, planantes, évanescentes voire surannées...

le 19 déc. 2015

24 j'aime

18

La Mort est mon métier
SombreLune
10

Les rouages de la solution finale

Que ce soit bien clair : préparez-vous à une plongée dans l'horreur ! La brutalité, la bestialité montrée, sans concession, sans pathos,sans arrondir les angles, sans rien cacher, sans se voiler la...

le 22 nov. 2017

24 j'aime

14

Corona Song (Single)
SombreLune
4

Pastaga tu m'auras pas !

J'étais tranquille, j'étais peinard à la maison en train de préparer l'apéro quand mon fils m'envoie un SMS pour me dire de regarder sur YouPorn, pardon je voulais dire YouTube la nouvelle chanson de...

le 11 juil. 2020

20 j'aime

17