Avec le jeu de l'Ange, Carlos Ruiz Zafon nous propose une histoire typique de son univers, noir, fascinant, tordu et poétique, avec toujours Barcelone comme théâtre des aventures et un livre comme enjeu principal.

Les mécanismes narratifs du Jeu de l'Ange sont à ce point similaires à son précédent livre, l'Ombre du Vent, qu'on a l'impression de revivre la même histoire : amour contrarié, obsession pour la littérature, moults personnages communs (bien que l'histoire se passe 30 ans auparavant) et cette même atmosphère oscillant entre fantastique, thriller, romance et quête de l'absolu.

Cependant, Le Jeu de L'Ange ne semble identique à son illustre prédécesseur que pour mieux dérouter le lecteur. David, le personnage principal est happé dans une intrigue qui, se complexifiant de page en page, s'approche du chaos. On finit par abandonner notre logique rationnelle pour mieux se laisser entrainer par la plume de Zafon, l'enchainement des rebondissements, de plus en plus détachés de toute réalité.

----SPOILERS ----

Car si l'Ombre du vent se révèle être une excellente intrigue policière faussement fantastique, Le Jeu de l'Ange lui passe pour un thriller alors qu'il s'agit d'un vrai roman fantastique.

Tout du long, on s'attend à une révélation démasquant ce qui devrait être une machination bassement humaine, alors que de fait, le lecteur, berné, s'est laissé duper par Zafon. On a refusé de croire au postulat de départ, qui se révèle pourtant être la vérité.

---- FIN DES SPOILERS ----

Au delà de l'intrigue, Carlos Luiz Zafon garde toute la maitrise de son écriture et de son sens du récit. On décroche difficilement du Jeu de l'Ange et une sensation d'abandon nous étreint quand on a tourné la dernière page.

Il manque à ce roman un brin d'empathie, on est moins proche du héros que dans l'Ombre du Vent, il ne s'agit en effet pas d'un parcours initiatique mais des errements d'un individu dont la "morale" est déjà stable, construite.

Ça reste un excellent roman que je vous recommande grandement, que vous ayez lu l'Ombre du Vent ou non.
Hypérion
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le 28 févr. 2011

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Hypérion

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