La lecture de ce livre m'a chamboulé et restera ancré dans ma mémoire

pour de nombreuses raisons que j'aimerais transmettre.

En 2014, Daniel, fermier de 84 ans, issu d'une longue lignée d'agriculteurs traditionnels dans la province du Hainaut en Belgique, est sauvagement

assassiné par une bande de jeunes gens désoeuvrés en quête d'un butin, d'argent facile à voler.

Ce sont les faits.

L'auteur, C.de STOOP, journaliste écrivain, est un homme engagé et aussi le neveu de Daniel Maroy, ils ne se sont pas souvent fréquenté et puis la vie se passe.

Il décidera de se porter partie civile lors du procès en 2019.

Lui même issu d'une famille de paysans, il reprendra la ferme de son frère suicidé, acculé par le système qui détruit l'humain, le labeur et l'écologie.

Alors C.D.S. deviendra écrivain fermier et racontera dans un magnifique récit : "Ceci est ma ferme", son expérience et le déclin du monde agricole.

Mais en 2014, à la mort de son oncle, il entreprend une vaste enquête, un travail d'investissement pour essayer de comprendre , du moins relater les faits au plus proche d'une vérité sordide, ça fait aussi partie de son métier mais c'est aussi pour lui une quête personnelle.

Son style littéraire sensible, est précis et minutieux, il navigue entre passé et présent.

Pourquoi ce drame ?

Humaniste, il va en moins de 300 pages tenter de nous expliquer l'incompréhensible, le sordide de ce fait divers et sans pathos.

Deux mondes se percutent.

Celui de Daniel, vieil homme de 84 ans qui continue d'exercer seul sa tâche ancestrale de fermier, largement entravée par les bouleversements du monde moderne rural, son métier est en voie de disparition.

Ce qui implique, la perte d'une partie de ses terres et celle de son cheptel de vaches.

C'est un abandon.

Daniel bascule dans une autre vie, celui d'ermite, un choix de vie loin du tumulte de la société de consommation. Son train-train quotidien ne l'empêche pas de nouer quelques liens sociaux.

C'est un homme solitaire mais sa solitude ne l'a pas tué quoi que.

L'autre monde c'est celui de ses assassins, une bande de jeunes eux aussi en marge de la société, égarés et abandonnés aussi par cette société de consommation.

Sans argent, pas de smartphones , de voiture ni vêtements de marque.

Ils n'ont pas accès au Graal, celui qui prouverait leur existence .

Des jeunes englués dans le manque et l'absence de reconnaissance.

Pour satisfaire leurs besoins, ils vont froidement et avec violence tuer Daniel.

Ces deux mondes vont se croiser pour le pire, l'inhumanité et l'indifférence.

J'aimerais conclure en évoquant deux thèmes de cette histoire.

L'incroyable envie, ténacité et professionnalisme de Chris de Stoop de donner une voix, un vissage à la victime et aussi à ses assassins.

Et merci aux éditions du Globe qui par leur ligne éditoriale nous offre des récits de vie hors norme.

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bonnie1960
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le 29 juin 2023

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