Dans ce roman, Amélie Nothomb nous fait suivre Tristane et Laëtitia, de leurs naissances à leurs trentaines. Comme toujours, l’écrivaine malgré un style incisif en apparence, sait nous montrer les manques et les moments de clarté de ses personnages. Tristane et Laëtitia sont issues d’un amour dysfonctionnel entre leurs parents,Nora et Florent, et cela va agir sur leurs positions face à la vie, bien évidemment. L’ainée,Tristane, va devoir compter sur ses propres ressources pour se sentir exister et combler un vide affectif avec l’arrivée de sa sœur Laëtitia cinq ans plus tard. La cadette,en bénéficiant de l’amour sans bornes de sa sœur, trouve difficile de s’en séparer à douze ans lorsqu’elle la quitte pour aller faire des études de lettres à Paris. Pourtant, Laëtitia sait réagir contre sa mère mal aimante pour lui signifier qu’elle va trop loin et elle aide Tristane à naviguer dans cet héritage familial douloureux pour se sentir mieux. Amélie Nothomb semble vous plonger dans une histoire complètement folle avec des identités « remarquables » et des événements sidérants mais plus vous avancez dans la lecture, plus vous vous rendez compte que la sororité de Tristane et Laëtitia est une planche de salut pour elles. Il y a aussi cette leçon cachée du récit que l’écrivaine dispense à savoir qu’il vaut mieux avoir une vie cohérente ( à travers Tristane qui choisit un métier lui laissant du temps pour lire ou Laëtitia qui réalise une carrière musicale confidentielle pour une centaine de fans)qu’une vie subie. Le livre des soeurs fut un très bon moment de lecture, où le tempo de l’histoire compte autant que l’avancement psychologique de Tristane et Laëtitia, et vous en retirez indéniablement une grande satisfaction.