On sait que Jean-Pierre Andrevon est écologiste – Les Enfants de Pisauride, Gandahar... – et aussi qu'il a peu d'espoir pour l'humanité – Un horizon de cendres, Le Désert du monde...
Le Monde enfin rassemble ses deux thèmes majeurs de l'œuvre de l'auteur grenoblois, décrivant la fin de l'humanité et la réappropriation par la Nature de la Terre. En effet, suite à une pandémie, la population de la planète est divisée par mille. Malgré ce coup dur, l'humanité aurait pu survivre. Mais c'est sans compter la brusque perte de fertilité de la gente féminine qui est un effet secondaire du PISCRA. Cela n'est pas sans rappeler celle des Fils de l'homme de P. D. James. Résultat : l'espèce humaine s'éteint petit à petit. Andrevon nous raconte la fin de son histoire.

Le roman est une succession de récits mettant en scène des personnages récurrents aux étapes clefs de la fin de l'humanité. On bondit d'années en années, l'auteur nous montrant la déliquescence progressive des hommes. En parallèle, il décrit l'épanouissement d'une nature qui est enfin libérée des humains et de la pollution que ses activités généraient, plantes et animaux prennant possession des villes.
Le cavalier, vieil homme chevauchant un cheval de trait, est un des derniers survivants de l'épidémie. Il est le fil rouge du roman et on le retrouve à chaque intermède séparant les chapitres. Son périple vers le sud de la France dévoile les souffrances des derniers humains et la façon dont ils se sont adaptés, tant bien que mal, à leur nouvelle vie, sans technologie, proche de la Nature.

Le quatrième de couverture vend le roman comme « l'œuvre parfaite » d'Andrevon. On en est loin. Ce serait bien vite oublier Le Travail du furet (à l'intérieur du poulailler) et Šukran, ses deux chefs-d'œuvre.
Longtemps pendant la lecture du Monde enfin, j'ai même ressenti une certaine déception, trouvant le livre bien fade et longuet. Il est clair qu'il est inégal. Tous les fragments de fin du monde que nous livre Andrevon ne se valent pas, tantôt peu intéressants, tantôt passionnants et exaltants. Mais c'est alors que le livre prend fin, qu'on se retourne pour voir le chemin que nous a fait parcourir l'auteur, pour analyser l'évolution des personnages, que l'on se rend compte qu'on tient entre les mains, sinon un très bon Andrevon, tout du moins un Andrevon. Et cela veut tout dire : cynisme envers notre société périclitant, moquerie vis-à-vis des travers de l'âme humaine, opposition de la bêtise humaine avec le bon sens naturel des animaux, tous les ingrédients de ce qui fait de l'auteur grenoblois un des meilleurs de la SF française. Et bien sûr, on y trouve aussi son écriture efficace, parfois ronflante mais toujours juste.
La conclusion du roman est aussi pour beaucoup sur cet avis finalement positif. Les huit dernières pages achèvent en beauté et intelligence un récit où Andrevon peut exprimer en longueur – et en profondeur – ses idéaux écologistes et son mépris pour notre société destructrice, enfin.
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le 18 déc. 2010

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