Un être amimétique.

Le Parfum met en scène un être qui dépasse le stade de l'humanité régulière : il s'agit d'un être exceptionnel. Par en vertu de son odorat extraordinaire. En vertu du fait qu'il n'est jamais soumis, à aucun moment, aux mécanismes du désir qui anime l'humain à l'ordinaire.

C'est un être qui vit une vie sans aucune médiation. Il est totalement collé, rivé à son don, et s'identifie totalement à lui. Sa recherche est, en ce sens, "pure". Elle n'implique aucune rivalité, aucune moralité, aucun jugement d'aucune sorte sur personne. Il s'agit d'une passion au sens le plus neutre et absolu du terme.

Le monde le persécute pour son comportement jugé immoral, une catégorie que Grenouille lui-même ne peut pas comprendre. Son aspect monstrueux vient du fait qu'il se situe tout simplement en dehors des limites du l'humanité telle qu'elle s'est construite dans son histoire religieuse et sacrificielle.

Le meurtre originel commis par Grenouille, est, dans comme tout récit mettant en scène ce genre de personnage, totalement anecdotique pour le meurtrier. Il n'y a pas de perversion dans ce don de la mort : ce n'est qu'un évènement factuel, la conséquence fortuite, et absolument contingente, des circonstances du moment. Le refus d'une femme de le laisser prendre son odeur. Il n'y a rien derrière cela qu'une pure volonté de puissance de la part de Grenouille, un accomplissement de son seul mode d'existence.

Ce qu'il faut se demander, c'est ce qu'une société peut offrir à un être tel que lui : Le Parfum est cette interrogation sur ce que la société doit faire pour se dépasser et cesser de se mutiler elle-même en créant des monstres qui n'en sont en réalité pas. La moralité est ridiculisée par ce genre d'histoire, qui est par conséquent porteuse d'un message humaniste radical, mais à double tranchant.