Mishima ça faisait longtemps que tu étais dans ma "to be read" liste. Dans ma découverte de la littérature japonaise, ton nom revenait souvent. J'aime, autant qu'elle me heurte, cette culture, cette écriture japonaise si particulière pour mes yeux de lectrice française. Son minimalisme détaché, ses incongruités parfois surréalistes, souvent froides, qui me fascinent autant qu'elles me laissent à l'extérieur du récit.
Yukio je pense que tu es le premier auteur japonais pour lequel j'ai eu un véritable choc dans notre rencontre, pour lequel j'ai senti dès les premières pages qu'on serait très proches, malgré les pans de culture japonaise que tu me faisais découvrir.


Le Pavillon d'or, c'est une tentative poétique et métaphysique, de raconter l’histoire vraie de l’incendie de ce temple majeur de Kyoto, vieux de 550 ans. Merveille architecturale Zen, visité abondamment par les pèlerins depuis des siècles... réduit en poussière par l'incendie volontaire d'un moine (déclaré déficient mental) en 1950.
Le Pavillon d'or, c'est le récit de ce moine sans nom, obsédé par la Beauté et par ce Temple, incarnation phénoménale de son fantasme nouménal. Yukio Mishima tisse les plus belle images avec les mots les plus simples, et malgré l'insidieuse percée du Mal, on est dans la quintessence du bouddhisme zen : tuer le Bouddha, que même ce concept ne survive pas, qu'il ne soit pas un obstacle contingent à la réalisation de la philosophie bouddhiste : le parfait détachement aux circonstances, aux choses, à la réalité.
Au delà de cette histoire envoutante, c’est l’écriture de Mishima qui m’a ravi : il tisse attentivement les sensations qui traversent son personnage, avec une acuité sur le monde phénoménal et sur le réel, dans toute son absolu vérité. C’est vertigineux, c’est beau, tortueux mais simple à la fois… je me suis perdue sans aucune frustration dans ses pensées métaphysiques, que je touchais à peine du doigt. Je n’ai pas tout compris, mais j’ai persévéré : pour le Beau tout simplement, et puis parce que les couches de réflexions sédimentent peu à peu, chapitre après chapitre, et qu’on contemple une vision harmonieuse qui touche le coeur des choses…. une implacable logique dans laquelle est on amené sans même s’en rendre compte. Un roman profondément riche de sens et de sagesse, une plongée dans une psyché subtile et torturée qui m’a emmené dans des recoins esthétiques que je ne soupçonnais pas.

aaiiaao
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le 7 nov. 2020

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