« En ces temps-là, Allah, le Bienfaiteur miséricordieux, accordait à ceux que la nature avait accablé d'infirmités et dont les facultés semblaient avoir été plus ou moins ébréchées, le plus subtil des dons, celui de la voyance.»

Il était une fois un pêcheur de perles du nom de Kemal bin Taïmour qui vivait au 8ème siècle de l'Hégire (au 14ème siècle) dans l'île de Bahreïn. Homme très pieux, il était affublé d'un sixième doigt et pouvait reconnaître sous l'eau les huîtres recelant les précieuses perles. Un émir organisa son rapt, afin de tirer profit de ses prédispositions pour la voyance. Au contact des autres infirmes capturés par cet émir, son don se développa, lui apportant des visions du monde du XXIème siècle, images de puits de pétrole, d'avions et de gratte-ciels qu'il énonce, provoquant la stupeur et l'incompréhension de ses contemporains.

Ses visions trop lointaines étant inutiles pour l'émir, il finit par se débarrasser du pêcheur, dont nous allons suivre les tribulations autour de la Méditerranée, ponctuées de représentations du futur dans chaque lieu visité, très rarement prises au sérieux (Ibn Battuta fait exception, croisé par notre héros à Fes), mais dont la portée temporelle se réduit progressivement, jusqu'au point final annoncé de rencontre entre sa vie et ses prophéties.

Ce conte – L'ensemenceur - nourri de Borges, de Perutz et bien sûr des Mille et une nuits, est suivi d'une courte nouvelle qui lui est liée – Le vizir – où le vizir Fares Ibn Meïmoun, un homme arrogant et cruel (comme il se doit pour un vizir), qui a la ruse du renard des contes de notre enfance, met en place un stratagème complexe pour faire échapper ses huit enfants à une mort certaine, prophétisée par le pêcheur.

Cette fable, qui nous laisse au final décider si l'on peut - ou pas - influencer sa destinée, donne envie de remonter le temps et de découvrir les autres écrits d'Yves et Ada Rémy.
MarianneL
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le 7 déc. 2012

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