Dans une petite bourgade des Etats-Unis. Thomas Hogan voit son père (William, âgé de moins de quarante ans) mourir : une profonde blessure à la main, faite à la scierie où il travaillait de façon acharnée. Infection que le médecin n’est pas parvenu à circonscrire malgré des soins appropriés. Gangrène. Et mort. Mary, la mère, éleva seule son fils, bon élève, un peu taciturne mais généreux. Un gosse lancé sur la bonne voie. Satisfaction de maman qui laisse à son gamin une grande indépendance. Trop sans doute, car elle si elle s’inquiète de ses faits et gestes, ses questions ne franchissent pas la barrière de ses lèvres, n’osant jamais le questionner.
En grandissant, Thomas prend ses habitudes au bar du coin. Poker puis alcool. Avec en toile de fond le spectre de son père, omniprésent. La pente devient chaque jour plus raide, l’équilibre du jeune homme toujours plus précaire. Difficile de préciser à quel moment il bascula. Probablement pas d’un coup : une chute progressive mais inéluctable, par touches successives mais imperceptibles. Jusqu’au point de rupture final. Destin tragique d’un jeune homme pourtant prometteur. Destin qui n’aurait pas dû être le sien.
Un roman noir, presqu’un huis clos hitchcockien. Un nombre restreint de personnages bien campés possédant leurs démons propres. Une petite ville peu attrayante. Des riverains partagés entre un travail difficile et peu rémunérateur, une femme sur laquelle on hurle, des mômes sur lesquels on cogne (ou l’inverse) et un bar où l’on trouve de tout : voyous, alcool et prostituées. Et quantité d’emmerdes.
Une écriture d’une rare sobriété, sèche, brute (mais subtile) et sans aucune fioriture qui aide l’auteur à créer une atmosphère pesante, sombre. Vaguement angoissante. Une histoire banale d’un coin perdu dans lequel tout peut arriver, où chacun évolue sur le fil du rasoir. Le lecteur est dans le rôle du voyeur qui contemple cette jungle sordide attendant que l’un de ces funambules tombe et s’écrase au sol. Voyeur d’autant plus avide que Cécile Coulon nous l’a dit dès le début, dès la première page : on en aura pour notre argent et la dégringolade sera spectaculaire.
Un livre qui happe immédiatement le lecteur. Pour ne plus le lâcher. Une réussite.
BibliOrnitho
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le 20 juil. 2012

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