Un livre au style très cinématographique

Au sortir de " La serpe", il est difficile de trouver une lecture plus différente.
Le hasard faisant que les 2 livres s'empoussiéraient dans ma bibliothèque, c'est donc en toute logique que j'enchainais l'un après autre.


Dire que le 1er m'a déplu est vain mot.
Heureusement j'ai retrouvé dans le 2nd ce que j'aime et que je n'ai en aucun point retrouvé dans le "reportage" de Jaenada (façon Truman Capote en moins convaincant donc).


Un livre écrit avec les tripes.
C'est moins que l'on puisse dire : du début jusqu'à la fin, les pages empestent la sueur, la crasse. Les effluves, qu'elles proviennent du rhum, du whisky ou du fuel, irriguent les narines à en avoir envie de vomir.


Un livre où la vérité n'est pas celle que l'on croit
Derrière chaque grand livre se cachent un ou plusieurs sujets. Certains écrits volontairement en filigrane, d'autres clamés notamment lorsqu'intervient la morale de l'oeuvre.
Je ne sais pas si Georges Arnaud a inséré malgré lui ces thèmes pour faire réagir mais on y retrouve :
- un état des lieux (un vrai !) de son époque américaine misogyne, raciste et anti homosexuelle ;
- derrière, on peut donc y trouver l'anticonformisme avéré et revendiqué de son auteur ;
- enfin il y a quelque chose de l'ordre du karma dans ce livre. Quand on connait la relation de l'auteur avec la mort (de sa famille), on ne peut pas s'empêcher de faire le lien.


Sur la photo de son époque, chacun l'interprétera comme bon lui semble. Je n'ai pas d'avis sur ce que pense l'écrivain. Mais c'est criant de méchanceté mais c'est aussi emprunt d'une certaine affection. Un peu comme on dirait des meilleures blagues qu'elles sont les plus courtes.


Enfin le style du livre est à l'image du contenu : nerveux et très scénarisé.
Il est donc aisé de comprendre pourquoi l'auteur a écrit tant de scénarii pour le cinéma. Il est facile de se projeter dans les multiples scènes qu'il rend très visuelles par le biais de courts paragraphes notamment.


Bizarrement je n'ai que peu de souvenirs du film de Clouzot.
Mais grâce au livre, il me parait désormais bien accessoire.
Et c'est cela qui démontre toute la qualité du livre.

Raider55
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2021, les livres de ma bibliothèque que je n'ai pas (eu) le courage de lire

Créée

le 18 févr. 2021

Critique lue 282 fois

3 j'aime

1 commentaire

Raider55

Écrit par

Critique lue 282 fois

3
1

D'autres avis sur Le Salaire de la peur

Le Salaire de la peur
Raider55
8

Un livre au style très cinématographique

Au sortir de " La serpe", il est difficile de trouver une lecture plus différente. Le hasard faisant que les 2 livres s'empoussiéraient dans ma bibliothèque, c'est donc en toute logique que...

le 18 févr. 2021

3 j'aime

1

Le Salaire de la peur
TmbM
10

Critique de Le Salaire de la peur par TmbM

Le salaire de la peur, c'est un livre de bonhomme, de mec viril. C'est un roman testosteroné qui se lit d'une traite, mâchoires serrées. L'histoire on la connaît, le camion, la nitroglycérine, une...

Par

le 15 août 2017

1 j'aime

Le Salaire de la peur
asatru222
5

Critique de Le Salaire de la peur par asatru222

Ce roman est un classique ! Des hommes prêts a frôler la mort ou plus pour devenir riche et pouvoir fuir leur misère...Le pitch de départ est assez connu mais le roman réussit à donner quelques...

le 2 janv. 2016

1 j'aime

Du même critique

L'Élégance du hérisson
Raider55
5

1 chapitre sur 2

Ils sont des livres dont on se souvient toute sa vie. Mais avec un sentiment de satisfaction modéré, tiède. Celui-ci en fait partie. Et pourtant il était précédé d'une belle réputation - due à de...

le 7 juil. 2021

10 j'aime

9

L'Âge d'or, tome 2
Raider55
8

Si beau et si frustrant à la fois

Ce tome de l'âge d'or est le 2nd de l'histoire et clôture donc magistralement cette quête de pouvoir médiévale. Son graphisme si particulier en est toujours la particularité. Au risque évidemment de...

le 5 déc. 2020

9 j'aime

Tao te king, un voyage illustré
Raider55
10

"Les paroles éloquentes ne sont pas vraies"

Je n'ai que trois choses à enseigner : la simplicité, la patience, la compassion. Je ne m'attendais pas à retrouver une sagesse aussi terrienne dans le Tao te king. Bien sûr, le symbolisme et...

le 3 mai 2021

8 j'aime