Le Sérum de la déesse bleue par Lorhkan
(...) Quant au contenu, c’est sans doute là que la bât blesse quelque peu. Oh, bien sûr, ce roman se lit sans aucun déplaisir. Je dois même dire qu’il se lit d’une traite, l’écriture est remarquable de clarté, et la taille du roman fait le reste : vite lu certes, mais pas vite oublié ! En revanche, l’ambition du roman semble en baisse par rapport à “L’île des morts”, alors que le concept d’arme bactériologique humaine semblait au départ extrêmement prometteur. Bien sûr, avec Zelazny, il ne fallait pas s’attendre à un traitement classique de la chose. La narration mise encore une fois plus sur l’évocation que la description, plus sur l’introspection que sur des faits. Mais les réflexions sur les conditions et les questionnements des personnages sont moins poussées que dans le roman précédent. En revanche, l’intrigue, sans être exceptionnelle, est un peu plus consistante, rendant finalement la lecture plus aisée : les personnages ont des motivations claires, et toutes leurs histoires, séparées au départ, se rejoindront pour un final évidemment explosif. Mais lors de ce qui aurait pu outrageusement ressembler à la conclusion de “L’île des morts”, Zelazny a été suffisamment malin pour changer le point du vue du spectateur de la scène, misant là encore sur l’évocation, laissant toute latitude à l’imagination du lecteur. Très efficace !
Moins ambitieux que son prédécesseur dans les thèmes abordés, “Le sérum de la déesse bleue” n’en reste donc pas moins un roman très agréable alliant divinités et questionnements très humains, du Zelazny pur jus en somme ! Et pour ma part, mon intérêt envers l’auteur américain ne fait que croître…