Le Silmarillion, publié quelques années après la mort de Tolkien par son fils, Christopher, est le livre donnant une vision globale de l’histoire d’Arda. A l’image de Bilbo le Hobbit, Tolkien n’a pas écrit ce livre de but en blanc. Ses premiers écrits remontent au début des années 1910. Tout commence par quelques poèmes, puis un premier conte écrit dans les tranchés en 1917, La Chute de Gondolin, esquisse l’univers d’Arda. De nombreux textes et récits vont voir le jour pour former dans les années 30, le Quenta Silmarillion. Mais avec le succès commercial du Hobbit en 1937, l’auteur mit de côté ces écrits pour rédiger, pendant près de douze ans, Le Seigneur des Anneaux. La rédaction de ce livre entraîna parallèlement de grands bouleversements dans le Quenta Silmarillion et Tolkien dut le réécrire presque entièrement. L’auteur continua d’écrire des parties du Silmarillion jusqu’à sa mort en 1973.


Son troisième fils, Christopher, a toujours été l’un des premiers lecteurs des œuvres de son père. Lors de l’écriture du Seigneur des Anneaux, Tolkien envoyait régulièrement à son fils, qui était en Afrique du Sud, ses manuscrits pour qu’il les approuve et donne son avis. Selon la volonté de son père, Christopher prit son courage à deux mains et tria, rassembla, annota les écrits éparses afin de reconstituer Le Silmarillion avec l’aide de Guy Kay, un écrivain canadien. Le récit se compose en cinq parties et commence par la création d’Eä, l’univers, qui naît d’une grande musique interprétée par les Ainur, signifiant les saints en quenya (ou haut-elfique). Les différentes parties retracent ensuite les 3 âges du royaume d’Arda jusqu’à la fin du 3ème âge correspondant à la fin de la guerre de l’anneau et au départ des derniers Eldars (les elfes) vers Valinor.


Sorti en 1977, Le Silmarillion reçut des critiques mitigées de la part de la presse. Il est vrai que le livre est un peu compliqué lors d’une première lecture avec ces nombreuses références de lieux et de personnages à retenir. Mais il reste La référence pour appréhender l’imaginaire de Tolkien dans sa globalité. Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux se concentrent, quant à eux, sur des périodes précises de l’histoire de la Terre du Milieu.


Petite parenthèse, j’ai récemment vu un reportage où l’on explique que le monde de Tolkien est raciste, car il y fait mentions de races dont les individus ont des caractéristiques marquées (par exemples les elfes sont grands, beaux et raffinés alors que les orcs sont petits, laids et bêtes). Accuser cet écrivain de racisme sachant à quel point il était passionné du swahili (langue du Kenya dont il s’inspire fortement) et en lisant sa réponse aux éditeurs allemands qui voulurent se renseigner sur sa généalogie en 1938 avant de publier le Hobbit… Je trouve ces allégations ridicules ! Extrait de la lettre :
« Chers Messieurs,
Merci de votre lettre. […] Je regrette, mais je ne vois pas bien ce que vous entendez par arisch. Je ne suis pas d'extraction aryenne, c'est-à-dire indo-iranienne : pour autant que je sache, aucun de mes ancêtres ne parlait l'hindoustani, le perse, le tsigane, ou autres dialectes associés. Mais si je suis supposé comprendre que vous voulez savoir si je suis d'origine juive, je ne puis que répondre que je regrette de ne pouvoir apparemment compter parmi mes ancêtres personne de ce peuple si doué. Mon arrière-arrière-grand père quitta l'Allemagne pour l'Angleterre au XVIIIe siècle : la majeure partie de mon ascendance est donc de souche anglaise, et je suis un sujet anglais - ce qui devrait vous suffire. J'ai été néanmoins habitué à regarder mon nom allemand avec fierté, même tout au long de la dernière et regrettable guerre, au cours de laquelle j'ai servi dans l'armée anglaise. Je ne peux cependant m'empêcher de faire remarquer que si des requêtes de cette sorte, impertinentes et déplacées, doivent devenir la règle en matière de littérature, alors il n'y a pas loin à ce qu'un nom allemand cesse d'être une source de fierté. Votre requête est sans doute imposée par les lois de votre pays, mais que cela vaille également pour les sujets d'un autre État serait inconvenant, même si cela avait (et cela n'en a pas) une quelconque incidence sur la qualité de mon travail ou sa recevabilité pour une publication, ce dont vous semblez vous être assurés sans référence à mon Abstammung (=filiation/origine). […] »


Pour le moment je me marre en entendant les journalistes demander inlassablement à Peter Jackson s’il compte adapter le Silmarillion. Les nombreuses intrigues et époques rendent une adaptation complète impossible. Il reste néanmoins la possibilité de se focaliser sur une partie du récit, par exemple la guerre entre les Valar et Melkor ou la première guerre entre Sauron et les peuples de la Terre du Milieu lors du second âge.


Critique du Seigneur des Anneaux:
http://www.senscritique.com/livre/Le_Seigneur_des_Anneaux/critique/32122199

Vincent-Ruozzi
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le 6 déc. 2014

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Vincent Ruozzi

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