N'ayant guère apprécié La Cavale du géomètre (les aventures d'un géomètre amnésique à travers la Finlande), de Paasilinna, cette histoire de centenaire qui s'échappe de sa maison de retraite le jour de ses cent ans pour se perdre dans la Suède profonde, racontée sur le même ton léger et un peu décalé que celui employé par le fameux auteur Finlandais, ne m'a guère emballé durant les premiers chapitres. Ce d'autant que la couverture, en plus de me brûler la rétine à chaque fois que je la regardais (Goncourt de la plus vilaine édition de l'année pour les Presses de la Cité !), me rappelait sans cesse la comparaison appuyée faite par la critique entre les deux auteurs, induisant par la même un inévitable a priori négatif.

Pourtant, le chapitre 3 ou 4, en me faisant remonter 90 ans en arrière pour revivre l'enfance d'Alan Karlsson (puisque tel est le nom du fameux centenaire) sur fond de révolution communiste a commencé à fragiliser mes pessimistes certitudes. Phénomène progressivement confirmé par tous les chapitres « biographiques », qui alternent ensuite avec l'histoire « présente », au fil du livre, et décrivent le destin plus que délirant, mais au combien amusant, du jeune commis-artificier Karlsson, brillant par son manque d'ambition et sa nonchalance, mais dont les talents seront utilisés durant la révolution Espagnole, l'amenant à devenir l'ami de Franco, puis dans les années 40 aux Etats-Unis à la table du président Truman, avant de lui faire croiser les routes de Staline, puis de Kim Il Sung, de Mao, de Churchill et du général de Gaulle. Et il faut bien avouer que ce voyage loufoque à travers le XXe siècle, est autrement plus savoureux que la cavale d'une bande de bras cassés, accompagnés d'un chien et d'un éléphant et menés par un vieillard qui ne pense qu'à s'arroser la glotte, à travers la forêt septentrionale suédoise.

L'auteur s'est vraisemblablement rendu compte en chemin du fait que sa deuxième idée était nettement meilleure que la première, et a donc bricolé son histoire pour donner à la biographie d'Alan une place nettement prééminente par rapport à sa cavale, qui prend finalement des allures de prétexte pour l'exposition de ce volet parallèle. Ce qui nous fait finalement regretter que Jonasson n'ait pas pris le temps d'épurer son récit, en s'attachant au moins à mieux relier les deux histoires, ce qui aurait peut-être fait du très agréable divertissement qu'est indéniablement Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire un livre digne de mémoire.
Samanuel
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le 28 sept. 2011

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