Eleonora, la narratrice de Leçons pour un jeune fauve, peut de prime abord sembler antipathique : arrogante, égocentrique, pontifiante. Une actrice volontairement solitaire, sans enfants, et qui, à l'occasion, se transforme en mentor de vie pour de jeunes hommes, artistes en herbe. Le dernier livre de Michela Murgia (joliment traduit, comme toujours par Nathalie Bauer) est moins immédiatement accrocheur que Accabadora, qui risque d'être son meilleur roman pour longtemps. Il se révèle parfois même agaçant par un style bien trop travaillé, pas très spontané, dans une étude psychologiquement fouillée, presque à l'excès, et pas franchement agréable. Si l'on veut, Eleonora ressemble un peu à la comédienne incarnée par Bette Davis dans All about Eve, les côtés enveloppants et malsains compris. Si elle a accepté de servir de Pygmalion à Chirú, le jeune fauve, n'est-ce pas parce qu'elle a reconnu en lui une certaine "pourriture" ? On voit bien que Michela Murgia essaie de créer un climat oppressant mais elle n'y parvient pas tout à fait, Chirú n'est pas assez "vivant" et quelques passages tirent en longueur. Certains autres, en revanche, sont fort poétiques avec des phrases comme celle-ci : "C'était une de ces nuits où il vaut mieux se coucher avec des boucles d'oreille, car on ne sait pas qui l'on peut rencontrer dans ses rêves." Et puis, il y a l'attachement de la romancière à sa terre sarde qui nourrit et donne son parfum cruel et tellurique à ce livre attachant malgré sa férocité.

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le 19 janv. 2017

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