Psyché surpasse en beauté toutes les autres femmes, y compris la déesse Vénus. Cela mérite punition : Vénus décide de se venger de la beauté fatale de sa concurrente et l'interne dans un palais somptueux. Elle devient l’épouse d’un homme mystérieux qui refuse de se montrer mais qui sait lui témoigner un amour torride. Les sœurs de Psyché, jalouses de sa vie de château où les diamants jaillissent comme eau de la source, la poussent à braver son époux. Psyché pénètre dans la chambre de son mari une lampe à la main et sous la lueur de la flamme reconnaît son amant, Cupidon, qui entre dans une rage folle. De terribles épreuves attendent Psyché.


La Fontaine reprend le mythe des amours de Psyché et du dieu Cupidon raconté par l'écrivain latin Apulée dans l'Âne d'or. Notons que les quatre amis de ce piquant voyage à Versailles sont Boileau (Ariste), Molière (Gelaste), Racine (Acanthe) et La Fontaine lui-même (Polyphile). Si vous cherchez des prénoms qui sortent de l'ordinaire..


Récit poétique d’une lecture très agréable, en prose (entrecoupée parfois de vers de qualité inégale) soutenue d'expressions et de constructions propres au Siècle. Une prose galante en quelque sorte, d'un style ironique et badin.


"Quatre amis, dont la connaissance avait commencé par le Parnasse, lièrent une espèce de société, que j'appellerais académie si leur nombre eût été plus grand, et qu'ils eussent autant regardé les muses que le plaisir.
L'envie, la malignité ni la cabale, n'avaient de voix parmi eux. Ils adoraient les ouvrages des anciens, ne refusaient point à ceux des modernes les louanges qui leur sont dues, parlaient des leurs avec modestie, et se donnaient des avis sincères lorsque quelqu'un d'eux tombait dans la maladie du siècle, et faisait un livre, ce qui arrivait rarement."


Dans cette pièce La Fontaine n'hésite pas à étaler sa misogynie, sans vergogne. Il en pose même tous les canons : la femme est jalouse, paresseuse, influençable, belle et surtout sensuelle. Mais aussi vilainement curieuse, défaut au coeur de l'histoire, puisqu'il sera la cause de la perte de son amour Cupidon.


La Fontaine règle également quelques comptes avec la Cour de Versailles..


Oeuvre à facettes multiples, chacun trouvera dans sa lecture ce qu'il veut bien y chercher, de la poésie, des promenades, un conte de fée, un dialogue de philo, un roman.


Dans la préface, La Fontaine concède la difficulté qu'il a eu écrire cette pièce :


« J'ai trouvé de plus grandes difficultés dans cet ouvrage qu'en aucun autre qui soit sorti de ma plume. Cela surprendra sans doute ceux qui le liront. On ne s'imaginera jamais qu'une fable contée en prose m'ait tant emporté de loisir. Car pour le principal point, qui est la conduite, j'avais mon guide; il m'était impossible de m'égarer : Apulée me fournissait la matière; il ne restait que la forme, c'est-à-dire les paroles; et d'amener de la prose à quelque point de perfection, il ne semble pas ce que soit une chose fort mal aisée : c'est la langue naturelle de tous les hommes. Avec cela, je confesse qu'elle me coûte autant que les vers. »


Belle humilité.

-Valmont-
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le 7 févr. 2017

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