Le sentiment qui s'empare de vous au sortir d'une telle oeuvre est difficilement exprimable ; quelque chose de l'ordre du soulagement, de la perplexité mais aussi de l'admiration. Car oui, il en faut, du courage, pour se lancer dans ce défi (plus de 900 pages dans l'édition originelle, environ 1400 au format de poche) mais une fois dedans, une forme d'excitation naît et des questions fusent de toutes parts : qui est donc ce Aue qui nous fait part de ses mémoires? Quelle est sa part de responsabilité ? Pourquoi un tel fourvoiement ? Jusqu'où les mots peuvent-ils décrire l'horreur ? …

Dans un style extrêmement dense, et avec une froideur clinique, Littell retrace la longue descente dans les affres de la folie d'un homme, entremêlant réalisme documentaire, questionnement existentiel et onirisme bestial. Si l'on peut lui reprocher certaines longueurs dans ses descriptions, on ne peut néanmoins que saluer sa parfaite maîtrise de la langue de Molière et l’époustouflant travail de recherche sur lequel il s’appuie. Une œuvre marquante, mais éprouvante.
GwenDo
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le 21 oct. 2012

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GwenDo

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