Les Cosaques
7.6
Les Cosaques

livre de Léon Tolstoï (1863)

Olénine est un jeune homme de bonne famille, qui se laisse vivre, libre, qui ne croit pas en l'amour, qui n'a pas vraiment d'ambition ni de projets. Jusqu'au jour où il décide de quitter Moscou, d'aller dans le Caucase pour y chercher la gloire, les femmes tcherkesses, l'héroïsme et la nature sauvage et fuir une société fade, oisive et factice.

Il se retrouve assigné dans un village de cosaques luttant contre les ennemis tchétchènes aux côtés des soldats russes.


Commence alors pour Olénine et le lecteur la découverte d'un peuple et d'une nature dépeints par Léon Tolstoï avec le génie qu'on lui connait. Le personnage va notamment voir sa perception des choses évoluer à la faveur de deux rencontres, celle du vieux cosaque le père Erochka avec qui il va partager de beaux moments de chasse, de beuverie aussi ainsi que des discussions toutes plus hautes en couleur les unes que les autres ; mais aussi celle de Mariana, jeune fille dont les parents hébergent notre héros et dont il va tomber amoureux.


Tolstoï raconte à merveille les troubles qui ne cesseront d'évoluer au sein de l'âme d'Olénine, lui qui ne croyait pas en l'amour mais va le ressentir dans ce qu'il a de plus pur et de plus essentiel, lui qui ne pensait qu'à lui va vouloir aimer les autres et faire le Bien, lui qui évoluait aisément au sein de l'aristocratie va vouloir résider définitivement dans ce stanitsa ; mais tous ces sentiments vont à leur tour se voir effacés par les circonstances, par les circonvolutions de l'âme et ses tourments. Être amoureux à ce point c'est n'aimer plus qu'elle et c'est incompatible avec ce besoin vital qu'il a ressenti lors d'une chasse au cerf de vouloir aimer tout le monde et faire le bien autour de lui ; et l'indépendance, l'indifférence parfois de la jeune cosaque, à la personnalité bien plus affirmée que ce que l'on pourrait croire à cause de ce mariage imposé avec le "rival" Loukachka, vont briser les rêves et les espoirs de Dmitri Andréïtch de demeurer aux bords du Terek.

Olénine vivait loin des frustrations, des douleurs de la vie et il va les recevoir pleinement en même temps qu'il va trouver sa nouvelle vie (en tout cas celle qu'il espérait), qu'il va s'inventer de nouveaux buts, de nouveaux désirs, lui qui n'en n'avait quasiment pas.


On partage aussi ces moments de vie avec ces personnages incroyables, parfois dédaigneux puis terriblement humains, accueillants, avec une volonté de partage et d'amitié véritablement fraternelle. Entre soirées qui s'éternisent dans les vapeurs d'alcool et la douceur de la nuit étoilée, fêtes où les chansons expriment tout autant la joie de ces moments de communion que la mélancolie d'un amour impossible ou rejeté, parties de chasse et périodes de vendange où la nature éblouit le participant et lui redonnent le goût de l'authenticité de la vie simple (des éléments que l'on retrouvera dans d'autres romans de Tolstoï) et apaisent le cœur ; tout cela crée un roman bouleversant, dépaysant et chargé d'un flux d'émotions qui emporte le lecteur autant que son personnage.


Un chef d'œuvre, à l'instar d'Anna Karénine.

ngc111
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le 1 mai 2023

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