Le curieux facteur de Skogli

J'ai commencé la lecture de ce livre, sans vraiment connaître son auteur, ni l'une de ses précédentes oeuvres. Aussi, j'étais vierge de toute lecture nordique et Les curieuses rencontres du facteur de Skogli était donc une sorte de baptême pour moi.

Au début, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher, si bien que j'ai abandonné ma lecture sur quelques mois pour la reprendre ensuite. Il est difficile de s'attacher sur la première moitié du bouquin, à ces personnages, à ce héros dont on ne comprend pas bien parfois les réactions, ni même les actions. Simon Smidesang est un homme taciturne, qui privilégie les mouvements de tête aux paroles et cela peut paraître déstabilisant dans le récit. Il est même parfois désagréable et semble peu reconnaissant des efforts que font les vieux habitants pour l'intégrer au mieux dans sa nouvelle vie. L'histoire paraît de surcroît banale, un facteur, des vieux dans des maisons qui traînent leur solitude et leur histoire, bon...
Mais ensuite, l'on voit dans ce facteur toute la complexité de sa nature presque exposée. Toutes ses souffrances, ce passé qui le rattrape et condamne son avenir. L'histoire s'emballe, les révélations fleurissent, le silence fait place à la colère et l'amour semble naître, l'amour qui détrône l'indifférence perçue dans les balbutiements du récit. On se prend au jeu, on éprouve de l'affection et de la peine de Hemingby, de la haine et de l'amitié pour Björkli... On commence à s'attacher aux personnages.
Le point noir de ce roman, en dépit de son incipit, reste sa conclusion. Elle est assez décevante, on ne s'y attarde pas, on ne s'y émeut pas. Rien. Quel dommage.

En somme, un livre à la lecture fluide et agréable mais pour lequel l'engouement tarde à venir. Des personnages qui, tout nordiques qu'ils sont, prennent le temps que l'on s'enfouisse sous leur carapace. Une fin, quant à elle, décevante.