Ca se laisse lire facilement ce petit roman qui nous raconte la relation étroite qui se lie entre un vendeur de dorayakis (une pâtisserie japonaise) et une vieille dame qui vient prêter tout à trac son savoir faire en cuisine. Ce n'est pas une révélation littéraire, loin de là, mais le fait est que ce livre qui pourrait ne nous raconter qu'une gentille anecdote culinaire comme beaucoup le font déjà, aborde en réalité une vérité tragique et profonde du Japon, et pour une fois, les enfants, ce n'est pas Hiroshima...


A la vérité, je cherchais dans la lecture du livre de Durian Sukegawa un retour vers une expérience genre "Les années douces" de Hiromi Kawakami. Une histoire simple et douce dans un japon un peu fantasmé. La première moitié du livre a un peu de cette légèreté de ton en effet, en partie parce que le mini drame qui s'y déroule prend place dans un lieu simple (la petite boutique) en accord avec les saisons qui passent, et qu'il y est question de choses peu conséquentes comme la cuisson des haricots par exemple.


Mais c'est la deuxième partie qui interpelle, lorsque le vrai sujet du livre émerge enfin, à savoir la maladie dont souffre la vieille Tokue et qui a réduit en cendre les vies de milliers de japonais jusque vers le milieu des années 1990. La gentille fable culinaire se transforme alors en un commentaire bien plus acerbe sur le sort de personnes affublées d'un mal que la société ne savait tout simplement pas gérer émotionnellement, alors que les traitements étaient déjà découverts. On découvre en parallèle un peu aussi de la condition des personnes âgées au Japon.


Les personnages sont très attachants j'ai trouvé, le jeune cuistot, sorti de taule et pas mal dépressif, la gérante de la boutique pas trop compréhensive, la vieille Tokue et sa touchante histoire et même une écolière au rôle sympathique à défaut d'être clair. La narration est limpide, vire parfois un peu sec vers la fable et l'onirique sur la fin, mais ca reste contrôlé.
Je regrette seulement des passages un peu longuets sur la salaison de la pâte aux haricots rouge, qui auraient pu être édulcorés :-)


Petite lecture sympa, que je recommande car elle est courte et plaisante et aborde un thème inattendu et grave sans y mettre trop de pathos. Une bonne découverte, guys et guyzettes

nostromo
7
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma petite Pile à Lire... Enfin... "petite", c'est un grand mot... et Mes étagères se remplissent , Ikea est content...

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le 24 oct. 2020

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nostromo

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