Il y a une atmosphère bien particulière dans ce livre, une sorte d'aura qui vous plonge dans cette Angleterre dévastée par l'absence d'enfants, qui bien que sombre fait qu'on s'y sent chez soi. Par l'intermédiaire du personnage de Théo, la cinquantaine et désabusé par le monde qui l’entoure, on progresse dans une société qui accepte sa condition et ne se bat plus. Peu importe ce qui arrive aux autres pourvu que chacun meurt tranquillement, car c'est bien la mort qui plane sur cette stérilité latente. Et la lueur d'espoir viendra quitter cette ville terne pour naître dans une campagne rutilante, entourée d'eau et d'animaux où le calme règne.
Le constat d'une possible déviance de la stérilité de l'Homme apporte ici l'hypothèse d'un peuple qui se laisse mourir et se laisse condamner entre des mains pas toujours saines.
La nature du pouvoir, l'abandon d'une cause ou sa lutte rythme le quotidien d'un personnage qui n'est pas sans failles mais qui fait pourtant figure de sagesse. C'est avec envie qu'on retrouve son nid douillet, ses musées et son pessimisme face à la situation. Aussi quand on entrevoit la possibilité pour le personnage de sortir de sa coquille, on suit avec plaisir la fuite des cinq poissons, personnages rebelles aux revendications pourtant naïves mais qui luttent pour l'espoir de la survie.
L'anti-manichéisme est appréciable, le personnage de Théo nous ballade avec sa vision d'un monde sans futur et même si le rythme est lent on en est pas moins ravi de cet état des lieux.
Je ne vous cache pas ma surprise de découvrir de page en page que l'histoire du film n'est pas la même que celle du livre, et après un temps d'adaptation pour s'approprier entièrement le roman, on comprend la libre adaptation d'Alfonso Cuaron.
On est alors embarqué dans une dérive plus posée et plus centrée sur le personnage de Théo. Le film bénéficiait quand à lui d'un incroyable plan séquence, mais toujours dans cette même thématique d'un monde sans enfant qui se meurt et d'où l'enfant à naître deviendrait espoir.
Un très bon roman d'anticipation, même si il faut accepter le rythme posé du livre dans un premier temps, pour mieux savourer l'expérience.
LuluCiné
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le 16 nov. 2012

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