La première représentation de cette pièce de théâtre a lieu en 1996, à Broadway et autant dire que le sujet et le ton décapant avait fait le tour de la planète, était de toutes les discussions et sur toutes les lèvres on devinait le sourire narquois.

VAGIN, voilà bien un terme qui choquait toutes les générations il y a de cela 26 ans ! Et pourquoi monologues ? Un vagin ça parle ?

En écrivant le texte, Eve Ensler, n’imaginait certainement pas l’ampleur qu’il allait prendre. Dès sa conception, elle impose un cahier des charges précis, pour que la pièce soit conforme à ce qu’elle voulait défendre : « Suivre scrupuleusement le texte, être une femme, jouer bénévolement et verser les recettes à une association qui lutte contre les violences faites aux femmes. » Et c’est en partie une prouesse très intéressante, car il est très rare qu’une pièce reste dans son « jus ».

Considérée comme une référence du féminisme contemporain. Depuis sa parution, la pièce a été traduite en 46 langues et interprétée dans plus de cent trente pays, il ne manquait plus que le livre pour parfaire le tableau.

À l’occasion des 20 ans, une version augmentée, paraît aux États-Unis en 2018, que les éditions Denoël, réédite à son tour en 2021, 16 ans après avoir publié la version initiale. Cette version reprend des témoignages de femmes qui parlent sans tabous de leur sexualité. Onze nouveaux monologues et des poèmes, rejoignent ce titre qui se veut un choc, pour imprégner les mémoires.

Le format livre, met une certaine distance entre le lecteur et ces témoignages qui vont du plaisir au viol, en passant par l’excision, c’est très intéressant, mais il m’a manqué un supplément d’âme. Le texte est trop linéaire, cartographié et récité, comme un simple constat. On perd toute l’originalité du texte, d’origine, et on se retrouve un peu comme sur un forum, sur lequel chacune ira de son expérience.

Ces voix et ces témoignages ont besoin de volume, ont besoin que leurs paroles soient entendues.

Je pense que j’aurai largement apprécié, en pièce de théâtre ou en documentaire, surtout quand on connait les actrices qui ont pu la jouer à travers la France.

Pour autant, c’est un livre nécessaire pour une approche généraliste du désir de la femme, mais aussi sur ses frustrations.

Une phrase m’a à la fois amusée et touchée, car elle colle parfaitement au sujet :

« Le vagin, c’est un peu comme le triangle des Bermudes : personne n’en revient jamais pour vous en parler ! »

Le sujet est louable, nécessaire et plus qu’intéressant, mais sincèrement au bout d’un moment le discours devient répétitif, lassant, même si les points de vue sont variés et les thématiques abordées nombreuses. Je comprends que la construction est faite pour donner la parole à ces femmes, mais malheureusement, ça n’a pas fonctionné avec moi.

Ju-lit-les-mots
4
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le 23 janv. 2023

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