C’est le genre de roman qui vous sort de votre zone de confort, et ce, dès les premières pages du livre, avec la description de ce viol insoutenable.
C’est l’histoire de Ludovic, conséquence d’un viol collectif sur une enfant de 13 ans, Nicole. Ludovic va passer les premières années de sa vie caché dans un grenier, tel un fardeau, une honte familiale à dissimuler.
Les personnages sont décrits comme simplets, dans le but de rendre la narration encore plus crue qu’elle ne l’est déjà, à mon sens.
Les parents de Nicole, boulangers de campagne, n’ont qu’une hantise : c’est que la réputation de leur famille ne soit ternie et ne soit une entrave à trouver un mari convenable pour leur fille. Il y a une certaine frustration du lecteur concernant Nicole, qui est toujours dans l’approbation de sa mère, ne cherchant pas à s’émanciper d’eux et à s’autoriser à éprouver des sentiments pour son fils.
C’est finalement un homme plus âgé, que Nicole épousera. Cet homme qui tentera, tant bien que mal d’essayer parfois d’intégrer, de comprendre Ludo, mais cela sans prendre le risque de s’attirer les foudres de Nicole, qui catégorise son fils exactement comme ses parents l’ont décrit dès sa naissance : un retardé mental.
La communication déjà inexistante entre Ludo et sa mère ne l’empêchera pas de continuer de tenter de tisser un lien avec Nicole, même après son envoi forcé dans une certaine institution.
L’on garde la conviction, jusqu’à la fin, similairement à la naïveté de ce petit Ludo, qu’il reçoive un peu d’attention de la part de sa mère, un élan maternel qui se manifesterait…
Le lecteur est accroché à ce maigre espoir qui attise cette douloureuse lecture.
Ce roman pourtant très sombre, pourrait en faire abandonner plus d’un, mais la grande profondeur de ces sentiments refoulés, fruit d’un récit réaliste, tient en haleine, jusqu’à cette fin inéluctable, avec un Ludovic qui a environ 34 ans.