Les olympiades truquées (1980 ; réed. 2000)

Les olympiades truquées a été écrit par une grande dame de la science fiction française, Joëlle Wintrebert.
Romancière, nouvelliste, journaliste, critique, anthologiste, scénariste, traductrice, … née en 1949, à Toulon, elle est une des figures immanquables de la littérature de l'imaginaire française.
Pour Les olympiades truquées, Joëlle Wintrebert a reçu le prix Rosny aîné, en 1988, ex-æquo avec feu Roland C. Wagner, récompensé pour Le serpent d'angoisse.

Les Olympiades truquées immergent le lecteur dans un futur plus si lointain (le roman a été publié une première fois en 1980), sans précision particulière, au XXIe siècle.
Ce sont deux personnages principaux, deux jeunes femmes, autour desquelles graviteront un semi de personnages secondaires, néanmoins essentiels pour permettre à celles-ci de progresser et de faire progresser le roman, que tournera l'intrigue. L'une, Maël, se trouve être le jeune clone d'une cantatrice décédée et la femme d'un biologiste, reconnu comme l'un des pionniers du clonage ; l'autre, Sphyrène, est une jeune nageuse crawlant vers la gloire du titre olympique, à quel prix ?
Ce sont donc les itinéraires de ces deux femmes, à la recherche d'elles-mêmes, que suivra le lecteur, dans une société française, intriquée dans une société mondialisée, bouleversée par les conséquences d'une révolution biotechnologique, initiée par la mise au point et le développement du clonage.
Ce siècle, c'est aussi celui du paradigme aveugle de la société des loisirs et du trust médiatique, dont se servent les impunément les États et, plus largement, tous les organes de pouvoir.
Maël et Sphyrène auront à interroger cette société, à la rejeter ou, au contraire, à y adhérer.

Finalement, ce roman a posé les thèmes chers à Joëlle Wintrebert, par extension à tout un pan de la science fiction française, ceux de la révolte, de l'altérité civile, sexuelle, corporelle, manipulée, instrumentalisée.
Évidemment, Les olympiades truquées n'ont pas anticipé l'importance prise par la domotique, le cyberespace (Internet, toutefois j'ai une préférence pour l'expression gibsonienne), mais encore, et dans le même ordre d'idées, l'importance de nouveaux médias, propres à donner naissance à une communauté défendant un rapport autre à l'information et aux médias, comme une vision autre des rapports sociaux et au pouvoir.
Néanmoins, le roman reste un roman d'actualité ; les multiples interrogations éthiques quant aux possibles travers de l'ingénierie génétique, mais encore les cabales ombrageuses des États sont des sujets plus pressants que jamais.

Last but not least, l'écriture est agréable ; le roman se lit comme du petit lait. ;)