Liberté sous condition par Ygwee

Premier ouvrage publié de la collection Rivages/noir, Liberté sous condition peut être considéré comme l'un des meilleurs ambassadeurs du genre du roman noir américain de l’immédiate après seconde guerre mondiale. Il ne s'agit pas d'un roman policier, ni d'un roman d’énigmes ; éventuellement on peut le voir comme un roman à suspens, mais si c'est le cas c'est davantage le fruit de son efficacité et de la maîtrise narrative qu'il dégage que d'un usage d'effets de style ou des codes de ce genre là.

Comme dans tous les Jim Thompson, ici nous nous intéressons aux faux semblants ordinaires et à la malhonnêteté banale de toute une gamme d’êtres humains. Il est question d’innocence pathétique, de manipulation médiocre, de desseins mesquins. Toute la force de Thompson étant de rendre attachantes les pires des crapules. L'histoire traite de corruption, de clientélisme politique, de fatalité et de désir de rédemption.

Le récit repose sur un style vif et sec. L'histoire se raconte à la première personne, mais ne se s'attarde jamais trop longtemps sur les pensées du personnage. Cet ex taulard, pour lequel des individus troubles ont, pour d'obscures raisons, tiré les ficelles lui permettant d’être libéré sous condition, est dépassé par les événements. Il n'a que peu de temps pour comprendre de quel minable machination il est l'instrument. Tout le monde ment, tout le monde semble être empêtré dans la mélasse, tout le monde espère s'en sortir et tant pis si c'est au détriment des autres...

Il s'agit d'une lecture rapide, quelques heures si on s'y lance d'une traite. Ce n'est pas une lecture qui transformera le lecteur, mais elle donne envie de lire et relire l'oeuvre de Jim Thompson.