C'est quand même incroyable de savoir qu'un bouquin aussi direct dans le traitement de son sujet ait été publié en 1955, surtout qu'il prend place dans la puritaine banlieue américaine.
Vladimir Nabokov aborde la pédophilie à travers un homme fasciné les nymphettes, que l'on désigne aujourd'hui par le titre de l’œuvre, les Lolitas. Je ne m'étendrai pas sur le pourquoi ce roman est un chef-d’œuvre, je préciserai simplement pourquoi l'auteur maîtrise parfaitement les mots et le langage :
Premièrement, il arrive à écrire des scènes érotiques (qui ne sont pas du tout le centre de l'intrigue) sans utiliser une seule fois de termes que l'on pourrait considérer comme grossier. Exit sexe, pénis et clitoris et bonjour métonymies et autres métaphores.
Deuxièmement, il arrive à rendre son héros attachant, alors que quand on rencontre un être aussi vil dans la rue on n'a qu'une envie c'est de fuir. Humbert Humbert n'est pas uniquement caractérisé par son obsession pour Dolores Hazes, il possède un certain charme, qualifié d'européen dans l’œuvre, qui est parfaitement retranscrit. On se rend compte qu'avant d'être un pédophile le héros est avant tout un être humain.
Enfin, le texte est écrit avec un humour ravageur. Tantôt cynique, tantôt burlesque, il y en a pour tous les goûts. Je ris rarement en lisant, mais là il y avait certains moments où les éclairs de génie s'enchaînaient sans s'arrêter, un régal. Les nombreux jeux de mots et références littéraires sont également bien vues. Tout ceci donne un ton décomplexé à l'ouvrage, qui s'associe parfaitement avec la dureté du thème.
Lolita est une œuvre percutante, à la fois sombre et hilarante. Je crois bien qu'il vient de devenir mon livre préféré.