Madame Bovary est le personnage qu'on aime détester tant elle nous renvoie à notre misère même si Flaubert peint sans juger. Elle représente tous les travers que j'exècre et que l'on retrouve parfois chez certaines féministes hystériques.
Emma a tout pour être heureuse mais rêve d'une vie encore meilleure, elle rêve d'une vie plus exaltante et veut surtout péter plus haut qu'elle a le cul. En bonne bourgeoise éhontée, elle se prend pour une aristocrate raffinée alors qu'elle joue la catin à ses heures perdues. Elle aime par dessus tout se plaindre en permanence car elle a plus de raisons de le faire que les paysannes faméliques et en haillons des villages normands de l'époque, c'est évident. Elle est ingrate et capricieuse, sans doute mal baisée voire pas baisée du tout par son mari Charles, un homme doux, naïf et dévoué. Ils ont une fille (si si) pour laquelle Emma a une grande admiration (non je déconne). Les humeurs de Madame Bovary varient, c'est le moins que l'on puisse dire et c'est son mari Charles qui en fait les frais (dans tous les sens du terme) mais comme on dit : "la femme épouse l'homme dans l'espoir qu'il change et il ne change pas, l'homme épouse la femme dans l'espoir qu'elle ne change pas et elle change". Bref cette femme (ou pétasse effrontée, au choix) s'emmerde tellement qu'elle s'invente une vie mouvementée, idéalisée, avec des problèmes existentiels de premier ordre; une vie où les licornes volent dans le ciel, une vie où même quand elle se torche le trou du cul ça sent la rose. Donc au premier abord, une histoire aussi réjouissante qu'un épisode d'Arabesque en début d'après midi.
Et c'est là que l'on mesure l'adresse de Flaubert car je savoure l'ouvrage pour son style, son ironie acerbe et sa capacité à retranscrire une histoire banale (pour ne pas dire minable) avec beauté mais je le savoure aussi car il foule au pied un romantisme déjà agonisant. Et oui, le fameux "Ah ! mon cœur saigne, je souffre mais j'ignore pourquoi" ne fait plus recette, la fin pathétique de l'ouvrage en est la preuve.
Par ailleurs, Flaubert parvient également à peindre avec brio l'univers d'une société rurale sous la Monarchie de Juillet à travers notamment la politisation des campagnes (les discours, la position du maire...) ou encore le conflit latent entre les positivistes anticléricaux comme le pharmacien et le clergé catholique qui possède encore une influence certaine sur les mentalités.
Pour conclure, Madame Bovary reste, selon moi, l'un des personnages les plus imbuvables de la littérature du XIXème siècle. Certains y voient le symbole de la femme étouffée par le carcan d'une société étroite, rigoriste et feutrée où les règles empêchent la femme de s'épanouir; moi j'y vois seulement une gamine ridicule, frustrée, inconstante, incapable d'assumer ses choix et qui n'a aucun sens des responsabilités. Une douce rêveuse qui fantasme sur un monde sans contraintes, un monde où triomphe l'émotion individuelle, le plaisir instantané qui conforte l'égoïsme.
Définitivement l’œuvre de Flaubert garde tout son sens dans la société d'aujourd'hui.