Après avoir lu son Charly Nine encensé par la critique et en attendant son Louys Eighteen, je me suis mis à lire son petit livre qui traînait depuis des années dans ma bibliothèque.
Jean Teulé n'est pas le champion des introductions, dans son Charly Nine, c'était écrit dans un style très lourdingue et surtout très « j'étale ma pseudo-science historique » avec des privates jokes du genre « Mon noeilnoeil » Catherine for Médicis, parlant à son fils (elle était aussi la woman d'Henry two, celui qui a eu l'oeil percé et qui en est mort). Je ferai l'impasse sur les inepties historiques et les très gros anachronismes : non l'Allemagne en 1572 ça n'existait pas !
Ceci dit entre Catherine for Médicis et le futur Henry Four qui parle le bouseux version moderne, je préfère encore la foldingue. Je lui suggère pour son prochain livre un roi style jeune de banlieue tu vois ? « Wesh, vas-y Charly Nine, t'as trop fait le bâtard le 24 août dernier, sérieux ! Ça se fait trop pas !».
Ici, dans «Mangez-le si vous voulez» il n'y a pas d'introduction, ça commence simplement par « - Une bien belle journée !... » zimbadidouda zimbadiyé !
Il continue par une succession de choses parfaitement inutiles, un peu comme ceci : « Tiens comment vas-tu yau de poêle ? Hahaha, et toile à matelas ? » « Où c'est-y que tu vas comme ça vingdiou ? Je vais au village voisin avant de partir à la guerre de 1870, car tu sais, Napoléon III notre bon empereur, le neveu de Napoléon Ier a déclaré la guerre à la Prusse et vu qu'il était vainqueur des Autrichiens à Magenta et aussi des Russes lors de la guerre de Crimée, la victoire ne fait aucun doute, donc malgré mon bon numéro au tirage au sort comme ça se fait à notre époque, j'ai décidé de partir à la guerre, mon très cher ami ! Mais en attendant, il faut que je donne une génisse à la petite Bertille dans le village voisin !».
Bref ce qui intéresse l'auteur c'est d'arriver le plus vite possible au cœur du sujet, c'est-à-dire du gore et du sang, il prend en référence (sans le nommer) le livre d'Alain Corbin : Le village des cannibales pour en faire un vrai film d'horreur qui donne la nausée.
Il n'a aucun style, tout est descriptif et il n'épargne strictement rien :
les doigts qui tombent, le ferrage de ses membres inférieurs, les coups, les os qui se fracassent, la graisse qui sort de son corps qu'on enduit ensuite sur du bon pain... Mmmmm !
Bien sûr, Jean Teulé exagère les faits, aucune analyse sociologique ou psychologique (et pourtant il a lu La psychologie des foules de Gustave le Bon puisqu'il en est fait mention dans la bibliographie). Il est vrai que dans le village d'Hautefaye, un homme a été battu à mort et mangé par la population dans une sorte de folie collective en 1870, mais Alain Corbin a fait un véritable travail historique et sociologique sans tomber dans le glauque et le sensationnalisme.
De plus l'auteur de ce livre ne se relit pas, il y a de nombreuses incohérences, par exemple à la page 96 il est dit :
« les têtes de fémur se délogent de leur cavité. » ok, ça doit être douloureux, je présume ? Et pourtant à la page 98 de Monéys (la victime) « se relève d'un coup et court, sanglant, tirant des pas saignants. ». Donc rappel des faits : de Monéys a été plus ou moins amputé des pieds avec des fers à cheval à la place de ses chaussures, de plus ses têtes de fémur se délogent de leur cavité après s'être fait écarteler ; et lui frais comme un gardon il se relève et il court !!!
Un livre qui donne la nausée, qui se termine comme il a commencé sans véritable fin et toujours en étalant sa pseudo-science historique avec des gros sabots pour expliquer qu'on est désormais sous la troisième république (FAUX, c'est officiellement à partir de 1875 et non 1870, donc un juge ne risque jamais d'avoir dit cela en décembre 1870, le futur régime politique était encore incertain).
Un ouvrage parfaitement indigeste de bout en bout, âmes sensibles s'abstenir, ce n'est qu'une succession (mal écrite) de sévices et de lynchages sur un pauvre homme qui n'a rien demandé.