Un petit village très isolé, au bord d’un immense lac – vraisemblablement scandinave. Les maisons sont en bois et sur roue pour pouvoir être déplacées au gré de la montée des eaux lacustres. Car ses eaux montent. Un peu plus chaque année.
Dans le ciel, aucun oiseau. Ils ont brusquement disparus à la suite du « Déluge » que le monde a connu des années plus tôt. Un épisode biblique aux lourdes conséquences sur le village qui s’est trouvé coupé du monde. Les hommes se sont consolés en jouant à l’apprenti sorcier, en bidouillant le génome des porcs qu’ils ont rendu fluorescents, amphibies et autorégénérants (grâce à un gène d’Axolotl). Désormais, lorsqu’on leur coupe un jambon, celui-ci repousse. C’est pratique : on ne risque pas de mourir de faim. Mais on peut se lasser du cochon (comme du poisson, une des rares sources de protéines dans le coin).
Le « Monde sans oiseaux », c’est l’histoire de « Petite Boîte d’Os », la fille du pasteur du village. Prénom insolite que Papa a imaginé au moment de l’accouchement de son épouse alors qu’il se demandait ce que renfermait sa boite crânienne.
J’avoue ne pas avoir tout compris à ce livre dans lequel je ne suis jamais entré complètement. Ce village se veut-il être une allégorie du monde actuel ? Un monde en mutation qui se précipite à sa perte ? Peut-être. Peut-être pas. L’auteur enchaine les questions qui se veulent aussi profondes que le lac au fond duquel gît une forêt de cercueils (que se passe-t-il quand on gèle ? pourquoi nos enfants sont-ils attirés par tout ce qui brillent…). Questions qui peinent pourtant à me passionner. L’écriture est assez banale, alternant lyrisme et platitude. Des phrases curieuses apparaissent brutalement et dont je le sens m’échappe un peu (« Je regarde leur langage qui danse dans l’air, que je ne comprends pas malgré les jours qui passent »). Un texte décousu, fourre-tout dans lequel la noyade joue un rôle récurrent, où sont traités tour à tour la mécanisation, l’automatisation, le chômage, l’épuisement des ressources naturelles, les bouleversements climatiques, la hausse du niveau des eaux, l’exode rural, l’alcoolisme. Un texte un peu dérangeant qui oppose la campagne arriérée, ignorante et abrutie à la ville moderne et dynamique.
Mais une atmosphère poétique, austère et dans laquelle la nature est omniprésente qui sauve l’ensemble du naufrage.
Bof !
BibliOrnitho
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le 30 oct. 2013

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