La note est haute, peut-être trop, j’en conviens. Mais ce bouquin et moi on a presque une histoire ensemble. Il y a trois ans de cela je me baladais sur un site à la recherche de mangas à lire. A un moment je suis tombé sur ce qui allait devenir bientôt mon manga préféré « Watashitachi no Shiawase na Jikan » à traduire par « Notre moment de bonheur ». J’ai dévoré le seul tome. Huit chapitres qui sont passés à la vitesse d'un l’éclair. Cependant les dernières pages du livre se sont révélées éprouvantes pour mes glandes lacrymales. J’ai retenu des larmes, serré la gorge et ai continué à lire.

Ce manga, c’est ce livre « Nos jours heureux ». Déjà, lorsque je l'avais lu en anglais, il m’avait arraché quelques larmes et ici… Je n’ai pas pu m’empêcher de verser des larmichettes durant le trajet en métro que j’effectuais ce matin.

Le livre raconte l’histoire de Yujeong (et oui c’est coréen à la base faut s’y faire), une chanteuse/peintre, bref une artiste, en mal d’être. Rejetée par sa mère, elle a tenté de se suicider à trois reprises mais a échoué à chaque fois. Remise de sa convalescence, sa tante lui demande alors de l’accompagner dans un pénitencier où des condamnés à mort attendent leur sentence dans le fameux « couloir de la mort ». Les prisonniers ne savent pas la date de leur pendaison (oui c’est chaleureux en plus) et attendent parfois des années avant de mourir. Le détenu qu'elles vont rencontrer, Yunsu, est inculpé pour avoir tué trois personnes et violé une fille de 17 ans.
L'histoire raconte donc les rencontres de ces deux personnes ayant complètement perdu foi en la vie.

Voilà en vous racontant ça vous connaissez la fin, c’est obligatoire. Certains diront alors que l’histoire est vaine, inutile et d’autres comme moi vont se prendre au jeu de la relation naissante entre ces deux êtres que tout, ou presque, oppose. Car c’est bien là le point central de ce livre et son unique but, nous montrer l’évolution de deux personnes qui veulent devenir autre chose, devenir « meilleures ». Si vous cherchez des descriptions de lieux ou une ambiance quelconque, vous êtes au mauvais endroit. Ici les décors sont froids, presque immatériels, pas de beauté extérieure et cela aide vraiment à renforcer l’intimité dans la narration.

Nous ne sommes pas face à un modèle d’écriture, pas du tout même ! C’est un style très simple mais les pages défilent à une vitesse hallucinante, sûrement aussi parce que j’étais pris dans le récit. Car dès qu’on joue le jeu, ce livre devient passionnant. Il traite de la mort, du pardon, des relations humaines et dans un sens plus large de la religion. Certaines pages sont des discours philosophiques très lourds où s’enchainent quelques métaphores et idées bancales mais cela est oublié très vite grâce à un sentiment.

Ce sentiment m’a poursuivi durant toute ma lecture, et je dois dire, en ce sens, que la traduction est donc plutôt bonne. Ce sentiment c’est celui de la sincérité. Le livre est simple, les personnages sont simples, l’histoire est simple mais dans cette simplicité on retrouve aussi beaucoup de vérités. Les personnages ne sont pas idiots, au contraire ils réfléchissent énormément, et on retrouve ce procédé tout au long du livre avec des « j’aurais pas fait ça avant ». Certes c’est gros, certes le lecteur n’en a pas forcément besoin pour s’en rendre compte, mais ça accentue le caractère du personnage principal, lui donne une espèce d’épaisseur qui dévoilera tout son impact émotionnel à la fin.

Pourtant je la connaissais cette fin, je savais ce qui allait se passer mais merde quoi. Pourtant c’est gros comme fin, c’est clairement pas fin mais voilà, ça touche ma corde sensible, encore et toujours. Parce que l’alchimie marchait, parce que c’était beau, parce que c’était vraiment des jours heureux.

PS : J’aimerais parler, quand même, rapidement de l’auteure, Gong Ji-young, car je trouve que c’est quelqu’un de très respectable, qui se sert de l’écriture comme une arme mais aussi comme mémento, et je sais que ce n'est pas la seule. Ses écrits sont tous plus ou moins tournés vers les petites gens ou vers le rôle de la femme dans la société coréenne. C’est une auteure très prisée en Corée du Sud et j’espère de tout mon cœur que ses autres livres arriveront un jour chez nous.
A savoir que son dernier livre « Flânez dans les ruelles pieds nus » (traduction approximative) a reçu le prix Yi Sang en 2011, une récompense très prestigieuse dans la littérature coréenne et j’ai vraiment envie de le lire celui-là. Donc achetez Nos Jours Heureux pour qu’on voit d’autres de ses superbes écrits chez nous :D
Ray
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le 5 sept. 2014

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