Nymphéas noirs
7.5
Nymphéas noirs

livre de Michel Bussi (2011)

Le succès de ce roman est aberrant...

Je suis atterrée par le nombre de personnes qui idolâtrent ce roman, et encore plus de savoir que celui-ci a obtenu cinq prix. C’est à se demander si ces gens sont plus préoccupés par le fait de briller dans la rédaction d’une critique, que par l’attention qu’ils portent à ce qu’ils lisent.
Il y a deux magnifiques incohérences, pour ne pas dire des mensonges. Tout dépend si l’auteur a fait exprès de tromper ses lecteurs, en se faisant une sorte de pari que ces incohérences passeraient inaperçues, nous faisant ainsi passer pour des imbéciles, auquel cas le pari est gagné ; ou s’il s’est perdu dans son récit, piégé par sa structure originale qui aurait plutôt été une bonne idée si seulement elle avait été bien utilisée. Mais pour cela, encore aurait-il fallu que l’auteur se relise avant l’édition. Mais il n’a pas jugé utile de le faire alors je ne lui trouve aucune excuse.
Tous les lecteurs qui ont adoré ce roman ont oublié le premier chapitre, intitulé « Premier jour – 13 mai 2010 ». Mais comment une telle chose est-elle possible ? C’est dans ce premier chapitre que le corps de la victime, Jérôme Morval, est découvert, le 13 mai 2010 à 6h00 du matin, par la vieille dame acariâtre et solitaire qu’on retrouve régulièrement au fil de l’histoire. C’est très clairement dit, il n’y a aucun doute possible. Et c’est là que commence l’enquête avec l’inspecteur Sérénac.
J’ai gardé ce fait du 13 mai 2010 en mémoire jusqu’à la fin puisque je voulais savoir qui avait commis le meurtre. Contrairement à tous ces gens qui ont massivement été émerveillés par l’histoire, je ne me suis pas laissé éblouir par l’imposant et répétitif cours d’histoire de la peinture, plus spécifiquement de celle de Claude Monet et ses 250 tableaux impressionnistes de nymphéas dignes d’un syndrome d’Asperger. Ni par la description incessante du « magnifique Giverny ». Pourtant je connais Vernon, Giverny et la maison de Claude Monet. J’ai vécu huit ans et demi à Vernon et j’ai visité la maison de Monet trois fois.
Tout ceci m’a malgré tout ennuyé, car je m’intéressais surtout à l’intrigue. Mais je suis déçue, car il ne se passe rien, l’enquête n’avance pas, elle nous met l’eau à la bouche par moment avec des pistes et des idées mais toutes s’avèrent vaines finalement. Seule la forme du récit est excellente, c’est-à-dire sa structure et son écriture, c’est pourquoi je l’ai lu jusqu’à la fin. Mais, lors du dénouement de l’intrigue à la fin précisément, lorsqu’on comprend le scenario et qu’on découvre à quel point il est bien ficelé, les deux faits que j’avais en mémoire m’ont complètement gâché mon plaisir.
Le premier fait, je l’ai dit, c’est le meurtre de Morval, clairement présenté au début comme ayant lieu en 2010. Le second, c’est Fanette et Stéphanie qui se trouvent ensemble dans la même classe, en haut de la page 403. Stéphanie s’adresse même à Fanette ; or les révélations de la fin sont totalement contradictoires avec ces deux faits.
Il y a bien une troisième incohérence à mes yeux, mais celle-là est plus subtile : page 175, la vieille dame aperçoit Fanette qui court rejoindre son ami peintre américain, « qui va sûrement encore lui raconter des histoires de sorcières ». Là, oui, rien ne dit qu’elle ne s’imagine pas la scène, et je reconnais que j’ai pris le message au pied de la lettre. Je veux bien aussi faire un effort pour considérer que les trois lignes de la page 403 sont des souvenirs embrouillés. Mais on fait quoi du premier chapitre ?
Il y a aussi des absurdités. Vingt ans après son départ en retraite, le vieux commissaire revient à son ancien bureau dont il ouvre la porte avec son vieux trousseau de clefs, qu’il avait gardé…
Sérénac, sous la menace du fusil, obéit à Jacques Dupain : il laisse un mot d’adieu pour Stéphanie et s’en va pour toujours, abandonnant l’enquête. Il laisse tout tomber alors qu’il aime Stéphanie, et qu’il est persuadé que Dupain est le meurtrier !
A la découverte du mot d’adieu, Stéphanie, sous le coup de l’émotion, perd l’équilibre, s’accroche au tronc de l’arbre et tombe mollement au sol, où elle se roule en gémissant… en plein dans le cadavre du berger allemand et son sang ! Elle ne s’en aperçoit que quand ses mains sont poisseuses. Je veux bien qu’on veuille décrire une scène comme un tableau en jouant sur les couleurs, mais quand même, elle n’est pas aveugle, et il ne s‘agit pas d’un chihuahua !
Quand j’ai lu « rabâche les oreilles » au lieu de « rebattre les oreilles », j’ai espéré que ce ne soit pas un signe de manque de maîtrise de la part de l’auteur. Je ne croyais pas si bien penser.

SNaumiak
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le 27 janv. 2018

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