Paradaïze
5.8
Paradaïze

livre de Fernanda Melchor (2021)

A l'instar de son précédent livre, La saison des ouragans, le troisième roman de la mexicaine Fernanda Melchor est très violent et guère châtié dans son langage (euphémisme). C'est ce qui peut déranger dans Paradaïze, avec également un style fait de longues phrases qui semblent parfois ne jamais devoir s'achever. Ce n'est pas le personnage principal qui s'exprime, un adolescent de 16 ans, en échec scolaire, engagé en tant que jardinier dans un complexe résidentiel haut de gamme, mais c'est tout comme car la romancière s'immisce dans les pensées de son "héros" et emprunte ses mots, le plus souvent orduriers, pour une confession sordide. C'est un ouvrage suffocant où l'alcool sert de dérivatif à l'ennui et à la haine de son propre sort et des autres, qu'ils soient riches ou pauvres, et où des fantasmes libidineux envahissent l'esprit du deuxième personnage principal, un autre adolescent que son "ami" traite abondamment de porc, non sans le suivre dans ses dérives qui ne peuvent conduire qu'à un drame, annoncé dès les premières lignes. Mieux que dans son livre précédent, peut-être parce qu'il est plus resserré et cinglant, Fernanda Melchor accroche le lecteur malgré lui dans ce portrait social dominé par la lutte des classes, le machisme ambiant et une abominable culture du viol. Ce n'est pas un roman de tout repos (nouvel euphémisme) mais la signature d'une écrivaine puissante et douée dont la plume recèle une colère qui risque fort de ne pas s'éteindre dans ses futures publications.

Cinephile-doux
7
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le 12 mars 2022

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