Premier Sang
6.8
Premier Sang

livre de Amélie Nothomb (2021)

Une fois de plus, la proposition romanesque d’Amélie Nothomb ne laisse pas indifférent. En choisissant de raconter une partie de la vie de son père ( les vingt huit premières années), elle le prend aussi comme narrateur, ce qui lui permet d’éviter le classement pur et simple dans l’auto fiction. C’est malin car ce que le lecteur a sous les yeux, c’est finalement une revisite de la vie d’un membre de l’arbre généalogique de la famille Nothomb où la vérité absolue n’est pas conditionnée par la première personne. De plus, Amélie Nothomb trouve encore une bonne position pour faire ressentir les postures extérieures et débats intérieurs de son père qu’elle scrute, analyse et ne semble pas remodeler. Et c’est dans ce dernier point que Premier sang est remarquable puisque Patrick Nothomb paraît être véritablement lui-même au delà des mots de sa fille. Et Amélie Nothomb eut le temps de retrouver son père disparu le temps d’une centaine de pages, pour atténuer son deuil personnel et passer à autre chose. Une entreprise que nous pouvons que comprendre et respecter avec tact et intelligence. Au niveau du contenu du livre, j’ai bien aimé la période de formation de Patrick Nothomb pendant son enfance et son adolescence.Amélie Nothomb y décrit subtilement ( avec une véracité toute relative) comment son père ancre ses principes de survie et d’observation face à l’existence ( et ce n’est pas par hasard donc que l’écrivaine belge ait donc choisi de faire figurer,à demi sérieuse, à demi espiègle, sur le quatrième de couverture: il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre). A partir de l’âge adulte, l’histoire devient moins savoureuse et le choix de l’épisode de la prise d’otages au Congo ( à mettre en parallèle avec les moments délicats chez le grand-père Nothomb) fait perdre de l’impact à l’ensemble. Au final, je me retrouve de nouveau réceptif au processus de création littéraire d’Amélie Nothomb mais j’estime l’épilogue de Premier sang abrupt nous faisant quitter l’histoire manu militari, sans ménagement. Un menu détail face à un roman plutôt satisfaisant et inspiré.

Specliseur
6
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le 29 janv. 2023

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