Prisonniers du nanar

Quand j'étais gosse, j'étais une vraie flipette. Impossible de me faire regarder un film avec des fantômes (que ce soit Belphégor ou Casper, je me cachais les yeux), j'ai été traumatisé en voyant des photos de vraies momies dans un Sciences & Vie Junior (je croyais que c'était juste des créatures fantastiques jusque-là, comme les loups-garous ou les hommes politiques compétents) et je faisais des cauchemars lorsque je regardais une émission de surnaturel à la télé.
La bibliothèque municipale avait un présentoir complet rempli de Chair de Poule. Il va de soi qu'il était hors de question pour moi de m'en approcher, je préférais faire un détour pour ne pas avoir à passer devant. Les couvertures me faisaient froid dans le dos, et même la police utilisée pour le titre me donnait des angoisses. Ajoutez à ça la réputation qu'avait la série quand j'étais en primaire, j'avais en horreur la simple vue du dos de ces livres, au motif arc-en-ciel (le responsable de la collection est un petit rigolo, on peut lui accorder ça).

Aujourd'hui j'ai 26 ans, je suis (un peu) moins con et (beaucoup) moins impressionnable. Et donc je suis tombé sur ce quatrième volume de la série Chair de Poule un peu par hasard, ce qui est une bonne occasion pour affronter mes vieux démons. Et franchement...j'ai rarement été autant affligé par un livre.
Il y a une chose que je déteste dans les films ou les jeux d'horreur : ce sont les jumpscares, ces moments où le réalisateur nous fait croire qu'il se passe un truc sérieux, tout ça pour être immédiatement désamorcé. Eh bien RL Stine n'est visiblement pas du même avis que moi, parce que son bouquin en est rempli.
Une ombre attaque nos héros dans un couloir ? Ah ah, c'était le frère du héros ! Une main moite attrape le visage du héros ? Mais non, c'est juste son chien qui le lèche ! La chaînette permettant d'arrêter l'expérience du miroir se brise ? Pas de souci, elle est remplacée par un vieux bout de ficelle 3 lignes plus loin !
Et caetera, et caetera...

En bref, dans ce livre d'horreur, les 4/5 des pages sont remplies de non-événements. Si l'on excepte le concept du miroir qui rend invisible, il n'y a aucune menace surnaturelle avant les 20 dernières pages.
Et ces 20 dernières pages justement, rattrapent-elles le reste du récit ? Pas vraiment. Déjà je trouve la montée en puissance trop brutale, on passe de simples malaises dus au miroir à un délire sur une autre dimension remplie de doubles maléfiques. Et alors que la menace commence enfin à être sérieuse, hop hop hop c'est l'heure de conclure. Donc le miroir est brisé, tout redevient comme avant (et les gosses gagnent une vie entière de traitements psychiatriques pour oublier ça).

... OU PEUT-ETRE PAS ?
Parce qu'évidemment le bouquin ne pouvait pas nous laisser sur une happy end et nous ressort le cliché usé jusqu'à la corde du "Tout est redevenu normal, sauf cet élément". Ultime rebondissement complètement incohérent d'ailleurs.

C'est vraiment de la littérature bas de gamme qui ne fera sursauter que les enfants les plus impressionnables. Au moins ça se lit vite, je n'aurai pas perdu trop mon temps.
Sur ce je vous laisse, je vais casser les lumières au-dessus de mon miroir. Simple précaution.