thriller en négatif

On peut pas dire que je sois un grand fan de thriller. Trop gore, trop sanglant, je trouve souvent que les intrigues tournent en rond et que les auteurs cherchent plus à impressionner voir à écœurer qu'à innover. Après, je n'ai pas une expérience énorme dans le domaine non plus, mais Maxime Chattam par exemple, dont j'admire le style, possède ce côté « voyeur » qui me dérange toujours un peu.

De son côté, Maud Mayeras a indéniablement un style. Une écriture qui tranche comme un coup de flash et un rythme parfois brutal. Comme le déclic d'un appareil photo qui nous balancerait des phrases courtes, parfois sans verbe et des chapitres concis qui déchirent l'histoire en deux négatifs qui se complètent brillamment.
Je reprocherais des longueurs par moment et des passages dont l'utilité m'échappe, cependant quand le récit vous prend, il captive au point de ne plus pouvoir lâcher le bouquin. Et on tourne les pages au rythme du temps qui passe, un peu plus chaque soir, grappillant des minutes sur notre précieux sommeil, pour savoir, pour comprendre le destin d'Iris Baudry, notre héroïne amère et troublante auprès de laquelle on ne peut que compatir.
Et ce qu'il y a de finalement fort dans le roman de Maud Mayeras c'est que la théorie la plus évidente que l'on peut se construire va éclore vers le milieu du bouquin, nous laissant perplexe quand au contenu des 150 pages restantes. Alors, on se dit que quelque chose cloche, qu'on va tomber dans le condescendant, le larmoyant, le facile d'accès ou pire, le gonflage de pages pour ne rien dire.
Alors on avance un peu plus et le piège qu'à tissé l'auteure se referme, implacable jusqu'à un twist final qui vous laisse hagard, le regard dans le vide.
Nous sommes devant une œuvre extrêmement aboutie, très sombre, à la morale certes contestable mais très puissante.
Je ne saurais que vous recommander cette petite merveille.