"Les adultes, ils ne se querelleraient pas... Ils n'auraient pas cassé mes lunettes..."

William Golding dresse les lieux d'une île où des gamins britanniques atterrissent pour se retrouver livrés à eux-mêmes, les adultes étant absents. Ce livre m'a rappelé Vendredi ou les limbes du Pacifique. Robinson, par crainte de se déshumaniser se donne des lois à lui-même et inculque une éducation à Vendredi. C'est un peu le même schéma ici, un groupe se forme, le plus âgé, Ralph, est érigé en chef de file. D'autres personnages tels que Porcinet ou encore Simon servent de boucs-émissaires. Au fur et à mesure de la lecture de l'ouvrage, on se rend compte que leurs instincts de survie s'aiguisent, et que l'organisation de départ instaurée par Ralph fut finalement inefficiente tant les personnages sombrent eux-même dans la sauvagerie et la barbarie. Comme l'indique une autre critique, l'ouvrage s'interroge sur les thèmes de la cruauté et de la nature humaine en général. De mon point de vue, il est délicat pour un adulte de déterminer si le mal est quelque chose que l'on est où quelque chose que l'on fait. Pour un enfant, la question ne se pose même pas entre nous. Il est clair que de par leur inconscience, et leur naïveté, ces gamins peinent à réaliser la véritable nature de ce qu'ils ressentent comme en témoigne leur relative schizophrénie dans leurs réactions vis-à-vis des uns et des autres ("gémissements", "pleurs", "balbutiements incompréhensibles"). Ils sont tout simplement apeurés, guidés par l'effroi. Ce qui peut justifier sans pour autant légitimer le fait qu'ils agissent de façon totalement téméraire, la condamnation de Simon quasi-injustifiée tant celui-ci tente de se dédouaner jusqu'à ce que sa vie prenne terme en constitue un exemple. Pourtant, le sang n'en finit pas de couler, leurs actes prennent une telle tournure sanguinaire qu'on finit par se demander, si malgré leur jeune âge (10-12 ans?), ils préservent un statut d'enfant innocent... J'ai pas adoré ce livre, je l'ai lu sous recommandation, mais je l'ai apprécié, tant l'auteur démontre à quel point, même des enfants en bas âge peuvent avoir la dent dure entre eux, jusqu'à en devenir des meurtriers méconnaissables, finalement à quel stade de la vie n'est-on plus innocent, où encore l'innocence a t-elle encore lieu d'être ?
Noemiegdt
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le 1 juil. 2012

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