Sacré
7.4
Sacré

livre de Dennis Lehane (1997)

Plaies et bosses, voire plus, mais toujours avec le sourire

Dans ce troisième épisode de la série Kenzie - Gennaro, Lehane revient aux fondamentaux du premier opus. Plus de tueur en série psychopathe torturé par une invraisemblable quête plus ou moins philosophique. On en revient à l'appât du gain et à la recherche du pouvoir, comme moteurs primaires de l'action criminelle. Ca ne veut pas dire, bien sur, que les malfaisants de ce bouquin n'ont pas un pet au casque. Ils en ont même, à vrai dire, un sacré étant donné l'amoncellement de cadavres qui vont jalonner l'enquête de notre intrépide duo italo-irlandais, souvent blessé, mais toujours même pas mort. Mais je n'en attendais pas moins, au troisième volume on sait à quoi s'attendre...


Et, ces fondamentaux, ceux qui sont de retour, sont donc et dans le désordre : humour décapant, tempo d'enfer, romance, personnages quasi shakespeariens, faux semblants, rebondissements et critique sociale. Un cocktail qui mène tout droit à une lecture agréable, et rapide dans mon cas, en dépit des quelques 410 pages du bouquin. Je l'ai descendu en trois jours, assez inhabituel dans mon cas, même si les circonstances (long déplacement en région parisienne avec transports en commun divers et variés) s'y prêtaient.


Bien que l'intrigue ne fasse pas intervenir le moins du monde intervenir la religion, exception faite d'une secte dont on comprend assez vite que le salut des âmes n'est pas son objectif principal, le titre s'explique assez bien et Lehane en donne les clés à la fin du bouquin. Ce sacré, c'est cette classe, faite à la fois d'éthique, de détermination et d'honneur. A la façon étasunienne, telle qu'on peut la trouver dans certains des films d'Eastwood ou dans certaines des chansons de Springsteen. Qu'incarne bien évidemment le duo Kenzie - Gennaro. Et dont Lehane nous dit qu'il s'évanouit peu à peu. Le bouquin ayant été écrit à fin des années 90, on peut pas dire que les deux dernières décennies soient venues le contredire, s'agissant du moins de son pays natal.


Enfin, comme je l'ai écrit un peu plus haut, la critique sociale reste formidablement ancrée dans ce bouquin, à travers les lieux (Boston, mais également la Floride ce coup-ci) et les personnages qui y sont décrits, la plupart du temps avec une ironie lucide et mordante qui fait mouche. Et la fin du bouquin constituera une véritable apothéose en la matière, d'ailleurs, avec en particulier cette extraordinaire tirade du milliardaire Trevor Stone quant à la façon dont ses produits satisfont le consommateur étasunien, qui, s'il s'en indigne parfois, ferme la plupart du temps les yeux sur les régimes des pays dans lesquels ils sont fabriqués...

Marcus31
8
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le 7 nov. 2019

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