Sans être une traduction littérale du titre original « Alternatives to sex » le titre français est bien vu puisqu’il glisse une référence au métier du narrateur : agent immobilier. D’autre part, l’auteur comme son narrateur (William Collins) sont gays et le revendiquent sans la moindre équivoque ni la moindre gêne.

William commence son récit en annonçant qu’il a fait vœu de chasteté ! Le même jour, le couple Samuel Thompson-Charlotte O’Malley débarque dans sa vie. Ils habitent une belle propriété à l’écart de Boston, et ils sortent de chez leur nouveau psy qui reçoit en face de l’agence immobilière Cambridge Properties où William travaille sous la direction de Gina, dont il dit « Je ne tenais surtout pas à décevoir quelqu’un qui avait réussi à découvrir un côté positif au cancer des ovaires ».

William habite à Sommerville, Massachussets. Il peut contempler Boston de chez lui. Il a 44 ans et comme tout le monde, il a « suivi l’autoroute de la technologie » avec ses collections de CD, DVD, etc. Il observe avec un détachement amusé voire désabusé l’état de l’Amérique un an après les attentats traumatisants du 11-septembre. Il constate que chacun s’est replié sur soi et cherche à profiter de ce qui reste possible. Lui-même est inscrit sur un site Internet de rencontres gay où il se présente comme étant Everett (en mentant sur son âge). Connecté sur ce site pour s’en désinscrire, il a trouvé des messages en attente. Alors, quasiment chaque soir, il rentre de Boston en métro, après être « allé faire une petite entorse à son vœu de chasteté. »

Il a bien trouvé un substitut au sexe : faire le ménage avec soin (aspirateur). Il tente aussi d’enrichir sa culture générale en lisant « Les Mandarins » de Simone de Beauvoir (prix Goncourt 1954) dont il aura bien du mal à dépasser l’introduction savante mais rebutante…

William est considéré comme un célibataire par son entourage (professionnel notamment). Il a eu une histoire avec un belge, le mystérieux Didier. Et depuis 3 ans, il a un ami, Edward qui exerce le métier de steward. Edward est également homo et William le trouve à son goût. Mais Edward envisage de partir s’installer avec … une femme, Marty, black, rondouillarde, qui organise des séminaires pour personnes ayant besoin de gagner en assurance. Marty parle à coups de slogans du type « Mettez Votre Histoire Au Point » ou encore évitez de « Mettre le Nez dans la Merde des autres ». Edward a répertorié « les 7 âges de la vie d’un homme : Piège à pédophile, Tout juste légal, Baisable, A peine baisable, Hors compétition, Invisible et Mort. » Par ailleurs, il a qualifié la ville de Montréal de « club de strip-tease équipé d’un bon métro.»

William a quelques démêlés avec sa locataire, Kumiko Rothberg, une artiste-peintre. D'autre part, Charlotte et Samuel semblent une cible idéale pour William qui a des résultats de vente décevants. Le couple est aisé. Malheureusement, Charlotte est bien plus décidée que Samuel. William le professionnel a sa stratégie et il saura tirer parti des événements. Memo « Le plus souvent, la recherche du logement idéal ressemble à une petite annonce de rencontres. »

Ce roman réserve de nombreuses surprises à ses lecteurs, toujours dans le même état d’esprit décontracté, où l’humour le dispute aux réflexions très justes sur l’état de la société américaine. Ainsi, parlant de ses rendez-vous furtifs avec des inconnus, William note « On peut certes y voir un symptôme de dépravation totale, un signe de fin de civilisation. D’un autre côté, si tout le monde s’adonnait librement aux plaisirs de la chair en suivant quelques règles hygiéniques de base, en évitant l’auto-flagellation et tout sentiment de culpabilité, la violence au volant serait inconnue et personne n’aurait voté pour George Bush. »

L'intrigue de ce roman n'atteint pas des sommets. On est plutôt dans la succession d'anecdotes et de situations qui apportent, sur un ton léger (et un style agréable), un point de vue intéressant sur la société américaine et sur les relations hommes-femmes. Parmi les nombreux personnages que croise William, les femmes ne sont guère à leur avantage (désolé mesdames), car bien entendu les homos côtoient les hétéros. La société fait des homos une minorité. Lire McCauley, c’est accepter une vision décalée du monde. Les relations homosexuelles ne sont pas gommées ou négligées. Un roman militant, mais sans provocation outrancière, pas spécialement réservé à la majorité hétéro.

Des chapitres courts (10 pages maxi), bien rythmés au gré des pérégrinations et rencontres de William. Une lecture amusante et une approche de la communauté gay qui sonne juste.
Electron
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le 31 janv. 2014

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