Les aficionados de l'Hérésie d'Horus attendaient vivement cet ouvrage consacré aux Blood Angels, la légion de l'Ange rubicond, figure héroïque de l'Imperium et le plus proche ami du futur archi-traître.
Sanguinius, l'un des plus noble fils de l'Empereur, le seigneur qui de l'aveu même d'Horus "aurait pu être le maître de guerre". Mais aussi l'un des primarques les plus humain, le plus proche de ses fils, et affligé de voir sa tare génétique -la Soif Rouge- contaminer ses guerriers. C'est en profitant de ce poids et de ce malaise intérieur qu'Horus jettera son frère, et toute sa légion, dans l'abominable guet-apens du Chaos; au cœur du système damné de Signus Prime.
À l'image des Ultramarines, retenus au même moment dans la ceinture de Calth, un ignominieux piège sera tendu aux Blood Angels par les traîtres à la solde d'Horus. Et bien que cette trahison-là ne soit pas aussi vicieuse que celle orchestrée par ces #!?$#ù! de Word Bearers, la légion de Sanguinius en sera bouleversée à jamais.
Signus Daemonicus représente l'idéal du rythme progressif de l'Hérésie, avec la grandeur martiale et le gigantisme propre à l'univers. Entre une légion au charisme percutant, des batailles spatiales et terrestres d'une ampleur colossale et des péripéties angoissantes bien gérée, il s'agit là d'un bon tome de la saga. Le background n'est pas en reste, puisque plusieurs allusions au concile de Nikaea et au rôle des contingents de psykers sont présentes.
En revanche, "Fear to Tread" ne consacre que peu de lignes à l'histoire des Blood Angels depuis leur monde natal, Baal, comme l'avait fait "Délivrance perdue" par exemple. Enfin, ce livre finira de vous convaincre que Sanguinius est le seul primarque capable de faire mordre la poussière à un prince démon avec autant de classe.
A ce sujet, voir les archi-démons de Khorne et de Slaanesh fomenter ouvertement leur plan, tout en ne cachant pas leur animosité l'un à l'autre -telles de féroces disputes humaines- peut paraître déroutant. Néanmoins, cela correspond à l'idée de corruption viscérale de Warhammer 40K, où les puissances de la ruine ne sont que les atroces manifestations physiques des émotions les plus noires des mortels. De la même façon, ces démons de Warp ne peuvent durablement exister dans la réalité sous leur forme originelle, et doivent s'emparer d'une enveloppe de chair pour y vivre; ajoutant un épouvantable point d'orgue au désastre allant s'abattre sur l'amas de Signus.
Seul bémol: le scénario principal se termine trop vite, et les évènements qui s'étaient soigneusement amorcés pendant les deux premiers tiers du livre ne bénéficient que d'une brève conclusion; sans vraiment l'aspect dantesque que l'on attendait. Cela dit, James Swallow a parallèlement centré l'intrigue sur une poignée de Blood Angels aux tempéraments dissociables, comme il est de coutume dans la série:
Raldoron, l'empathique bras droit du primarque, le méfiant et dévoué Azkaellon, l'aspirant mais non moins brave Meros; prouvant à lui seul que la grandeur de l'Adeptus Astartes ne se résume pas à un grade.
Malgré la présence de Word Bearers et de Space Wolves -qui au final ne servent pas à grand-chose- ce livre dégage un message fort, un final ouvert sur un livre prometteur et dispose d'une narration de qualité. On reconnait bien là James Swallow qui, après la frénétique "Fuite de l'Eisenstein", présente un roman à l'action enflammée.
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