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La sortie d’un nouveau roman de Yaa Gyasi avait éveillé en moi une fébrile impatience, alimentée par le souvenir délicieux que son premier roman, No Home, avait laissé en moi il y a déjà trois ans. J’en disais à l’époque, dans une chronique à propos de ce précédent livre, qu’il s’agissait d’une « lecture passionnante, à l’écriture maîtrisée, un roman polyphonique de personnages aussi sensibles que touchants, qu’il faut absolument découvrir » . Il n’est pas toujours évident de marcher dans les pas d’un premier succès, et si j’ai commencé Sublime Royaume avec de grands espoirs j’ai rapidement découvert que la flamme serait moins vive, le feu moins ardent, dans ce nouveau roman.


Gifty est une jeune doctorante en neurobiologie, dont la mère en profonde dépression, à la limite de la catatonie, vient s’installer dans son appartement. Pour comprendre l’origine de ce déclin, de cette perte d’élan vital, elle reviendra sur l’histoire de sa famille : de leur migration du Ghana (ce pays voisin de la Côte d’Ivoire) aux États-Unis avec leur premier enfant, son frère Nana ; de sa mort par overdose après des années de lutte contre son addiction ; de la fuite de leur père au pays parce qu’il ne parvenait pas à s’acculturer dans ce nouveau pays qui n’a jamais su guérir de sa fracture raciale.


Elle vivra une vie tiraillée entre une religion et une culture portées comme héritage dans lesquelles elle ne se reconnaît plus, et devra parvenir à dépasser son histoire familiale pour aller de l’avant. Chercheuse, elle ne parviendra pas à nouer de relations stables avec les hommes, comme jamais certaine de ses choix. C’est sur l’addiction qu’elle orientera ses travaux de recherche avec ses souris en laboratoire, pour mieux en appréhender les mécanismes physiopathologiques et tenter d’y trouver des remèdes efficaces. A travers ces souris, c’est tous les autres Nana de la planète qu’elle aimerait pouvoir aider.


Sublime Royaume est un roman intéressant qui dissèque la vie d’une jeune femme en recherche de sens, ce pourrait être un roman initiatique, celui du passage à l’âge adulte, des deuils, des choix personnels. S’il est agréable à lire il n’a pourtant pas réussi à me passionner, je n’ai pas retrouvé la chaleur de No Home et j’ai lu sans grand enthousiasme ce roman qui souffre de quelques longueurs.


Sublime Royaume, de Yaa Gyasi, paraît aux États-Unis en septembre 2020 chez A.A. Knopf sous le titre « Transcendent Kingdom » . Il paraît en France aux éditions Calmann-Lévy le 19 août 2020 dans une traduction de Anne Damour.

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le 31 oct. 2020

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Brice B

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