J’ai découvert olivier Norek avec son titre « Entre deux monde », j’en ai alors dit tout le bien que j’en pensais. Son dernier roman, « Surface » est tout aussi magistral.
Magistral par le choix du titre qui évoque l’apparence, l’extérieur, la vision première ou le calme d’un plan d’eau, une étendue à observer, à découvrir, à comprendre, à explorer méticuleusement et qui évoque aussi, a contrario, les profondeurs de l’être, les valeurs intérieurs de résilience, le regard qui veut percevoir la réalité, l’au-delà du paraître. Et aussi les profondeurs tourmentées, habitées par nos expériences, nos souvenirs, nos questions qui toujours exigent une réponse.
Noémie Chastain est une officier de police qui a été lourdement défigurée lors d’une intervention de la brigade des stups qu’elle commandait. Elle ne reconnaît pas et n’accepte pas cette Noémie qu’elle voit dans le miroir. Ce qu’elle veut, c’est recommencer au plus vite le boulot, reprendre la direction de son groupe. Car avec un uniforme, elle est au moins flic. Sans, avec la gueule qu’elle a, elle n’est plus personne ! Mais on ne veut plus d’elle aux Stups, elle rappelle trop le raté de l’intervention, l’échec de toute l’équipe. Sa hiérarchie va la placardiser dans un bled de l’Aveyron où elle ne pourra que mourir d’ennui et commettre une faute qui pourra l’écarter à tout jamais… C’est mal la connaître ! Elle va reprendre une cold case, enquêter sur des nouveaux délits, trouver le fil rouge qui relie tous ces éléments et, bien sûr, déranger les coupables qui s’en sortaient depuis plus de vingt ans. Avec No aux commandes d’une nouvelle équipe, ça va déménager !
Et comme Olivier Norek a décidé de ne pas gâcher notre plaisir, il développe une écriture qui semble, a minima, ne nous fournir que les éléments dont on a besoin et auxquels on peut croire. Tout est si bien emboîté, chaque détail prend sa place dans l’ensemble des informations délivrées et à aucun moment le lecteur ne sent la ficelle ou l’indice qui tombe à pic. L’ensemble donne un tableau complexe et cohérent, support à notre imagination pour deviner des pistes, se fourvoyer, relier des réalités évoquées à des suppositions avec lesquelles Olivier Norek joue des mots et se joue de nous pour nous balader jusqu’au terme de son récit.
Avec une écriture simple, addictive et des chapitres courts, l’auteur nous offre la possibilité de vivre un bon, très bon polar tout en nous donnant également à découvrir et ressentir la réalité du monde et les difficultés de vivre dans nos villages où l’agriculture est en déclin et la modernité non encore capable d’assurer les emplois nécessaires.
Olivier Noirek, inspecteur de police de son état, est un écrivain qui aime ses héros et plus encore les cadres de vie dans lesquels il situe ses romans. Auteur à suivre, incontestablement !
Il me restera donc, pour me tenir à jour, de lire Code 93, Territoires et Surtensions. Je ne peux que vous conseiller d’en faire autant.