Dernier chapitre de The Riftwar Cycle, A Darkness at Sethanon s’accompagnait de peu de souvenirs en comparaison de ses trois aînés. Une curiosité rehaussée pour une lecture autrement plus avide donc et, surtout, satisfaite : car dans la droite lignée de ses fondations, Raymond E. Feist maîtrisait pleinement son sujet, parachevant la mythologie de son univers sans limites menacé par un sombre passé.


Sans révolutionner sa recette gagnante, le romancier construisit ainsi A Darkness at Sethanon sur deux axes, plans et temporalités : d’un côté le présent pragmatique d’un Seigneur de l’Ouest en mission, mené par-delà les frontières septentrionales du Royaume des Isles au moyen d’une mise en scène du meilleur aloi (le « coup de poignard » fonctionnera dans tous les sens du terme) ; de l’autre la quête de figures ayant transcendé leur condition d’être humain, bravant les contours et logiques du temps et de l’espace pour sauver le pion le plus important de l’échiquier.


Dès lors, sûr de ses forces malgré un classicisme tenant de l’ordre établi, A Darkness at Sethanon se dévore sans sourciller au gré de ces allers-retours entre guerre à grande échelle et sauvetage mystique. L’équilibre entre les deux pans majeurs de son récit n’est toutefois pas irréprochable, les tribulations de Pug et Tomas payant le prix d’un jusqu’au-boutisme dans « l’absolu », concepts, énigmes et fondements du cosmos se voyant relégués au rang de détails, simples péripéties d’un cheminement plutôt facile en soi. A contrario, la découverte d’Armengar est de très loin le point pivot du roman (et même plus largement du cycle), mythologie et politique s’entremêlant dans un ballet des plus remarquables.


L’entrée en scène de Guy du Bas-Tyra marquera ainsi les esprits, Raymond E. Feist développant enfin en bonne et due forme l’une des personnalités majeures de Midkemia : l’occasion de se délecter du retour d’Amos Trask, aussi injurieux que savoureux. A Darkness at Sethanon s’avère ainsi aussi plaisant qu’impressionnant, le siège puis la destruction de la cité dépassant de très loin les précédents épisodes guerriers du cycle, sans jamais se départager de son humour fin ou de sacrifier l’évolution de ses protagonistes phares (et plus encore).


Enfin, la jonction entre les deux axes à Sethanon accouchera d’un dénouement somme tout attendu : flirtant avec le deus ex machina nébuleux, le destin de l’Ennemi, de la Pierre de Vie et de nos héros n’aura rien de bien surprenant. Une conclusion tout de même rondement menée, celle-ci n’oubliant rien ou presque de ses différentes intrigues... et ponctuée, pour ne rien gâcher, d’un ultime échange cristallisant la sympathie que nous ne cesserons d’éprouver à l’égard de ce modèle de la fantasy classique.

NiERONiMO
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le 21 août 2023

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