Il est des ouvrages que l'on lit d'une seule traite pris dans l'urgence d'un récit flamboyant ou par l'écriture magnifique d'un/e auteur/e de génie. Il est des ouvrages où l'on entre avec difficultés puis une fois le médicament avalé les personnages deviennent des amis et l'on se prend à les aimer avec passion. Quand on prend un prix goncourt c'est souvent ce que l'on attend, cette envie de vibrer, de palpiter en tournant les pages avec ferveur. Ce n'est pas ce qu'il se passe avec TLHNPLMDLMF !
Récit ordinaire sur une demi vie qui appelle une suite. Il va falloir y entrer car l'ennui guette. Un lecteur peu scrupuleux pourrait sauter des lignes voire des paragraphes. Les longueurs sont uniquement contrées par l'envie de connaitre la résolution, le suspense réside en un seul souhait : que fait Paul en prison ? Sans cela on pourrait bien vite laisser l'ouvrage de côté. Et puis la tragédie arrive mais les ressorts sont bien fins, trop simplistes et un tantinet forcés.
Le réalisme manquant de réalisme de la même façon peut gêner. Cette histoire si réelle, si courante, si passionnante et si peu passionnante sonne un peu faux. Exercice de style ? Pourtant JPD sans conteste sait manier la plume, son écriture est simple, sans fioritures mais cultivée et limpide. Il parle de la vie avec bonté et imprègne son roman de douceur, d'une certaine pudeur, d'un amour de l'homme (des animaux), de la vie et d'une détestation de la bêtise. C'est un "raconteur" qui sait mener un récit et pour toutes ces raisons on s'éprendra aisément de ce bouquin mais pour ceux qui veulent plus de verve, de fantaisie, d'atticisme il faudra faire un effort.