On démarre directement sur Émile, jeune homme pas encore trentenaire qui passe une annonce pour trouver un/e copilote de voyage car il est malade, condamné à mourir d’ici deux ans d’un Alzheimer particulièrement rare et précoce. Après le diagnostic, il décide de tout quitter pour partir loin, se faire plaisir à découvrir la France et le monde. Mais il faut trouver quelqu’un avec qui le vivre, pour partager ses derniers instants mais surtout pour s’occuper de lui.Car il le sait, il va perdre la mémoire et donc ne plus se souvenir de ses volontés telles qu’il les a voulu lorsqu’il était encore sain d’esprit.
Il n’aura qu’une réponse, celle de Joanna. Taciturne, habillée de noir, se plaisant à simplement regarder le ciel et méditer. Si la cohabitation entre les deux à bord du camping-car est au départ capricieuse, cela va bien entendu évoluer. Tout comme la maladie.Au gré du périple de nos deux comparses, les relations passées qui leurs sont propres vont ressortir, s’affranchir de la noirceur du remord en pardonnant. En allant de l’avant, pour profiter de ce que la vie offre de plus beau, plus positif que le regret.
Sans tomber dans le mélodrame, sans être trop larmoyant ou trop agressif, le roman aborde un large panel d’émotions et de vécu. Quasiment tous les stades du deuil sont passés en revue. Qu’ils proviennent de la maladie, d’un accident, de la vieillesse, nous voyons tout ce qui peut blesser l’âme et le coeur. Mais avec une telle douceur, une justesse parfaite dans les propos pour exprimer la douleur et la détresse que l’on ressent. Puis, après, comment se reconstruire et continuer à avancer, tenter d’apercevoir le bleu du ciel après le gris de la tempête. Le roman mérite largement les avis dithyrambiques et ses 800 pages. Rien n’est à enlever, tout y est à sa place et absolument magnifique. Un bijoux que je conseille sans modération.
https://cenquellesalle.wordpress.com/2022/02/01/tout-le-bleu-du-ciel/