Toutes ces vies qu'on abandonne

Résumé : En décembre 1918, à Annecy, l'armistice est signé, mais les trains continuent de ramener du front des hommes à jamais meurtris. L'un d'eux, à l'identité inconnue, semble ne pas vouloir se réveiller. C'est à Claire, une jeune novice travaillant depuis quatre ans dans son service, que le professeur Tournier confie la tâche de ramener à la vie ce corps muet, refermé sur ses souvenirs. Par fragments l'inconnu se dévoile au lecteur et la jeune infirmière, à elle-même Les débuts de la psychiatrie, les vestiges de la guerre et l'apprentissage du désir forment un violent mélange qui en quelques semaines peuvent faire basculer toute une vie.Virginie Ollagnier, née à Lyon en 1970, est formatrice en communication écrite et en ergonomie, et scénariste de la bande dessinée Kia Ora. Elle signe là son premier roman.Extrait du livre :L'homme reposait calmement comme l'instant auparavant. Claire ferma les yeux pour se souvenir de la couleur exacte des iris cachés maintenant derrière les paupières closes. Elle pensa aux premières feuilles de peupliers, de bouleaux. Un vert clair et lumineux, avec de l'or et pas de blanc comme parfois dans les yeux bleus. Ce qui l'avait le plus surprise, c'était la jeunesse du regard. Peut-être s'était-elle trompée sur son âge. Ce grand corps maigre paraissait vieux, mais il ne l'était peut-être pas tant. La guerre flétrissait tout. Il avait les yeux verts, un profil fin, une bouche ciselée, des oreilles délicatement ourlées. Elle s'arrêta. Le nez suivait une courbe parfaite avec, juste au-dessus des narines, un petit plat parallèle à sa lèvre supérieure. Cela lui donnait un air sculpté dans un bel ivoire. Les cils clairs et longs comme ceux d'un enfant, des joues creuses sous des pommettes hautes. Il était très beau. Enfin, il avait dû être très beau.Elle monta à l'avant avec Rémi l'ambulancier, q