Avec un titre pareil...

Bon, n'y allons pas par quatre chemins : Un Clown dans un Champ de Maïs est un slasher enthousiaste, fun et bordélique. Je pourrais littéralement arrêter la critique maintenant : je n'ai rien d'autre à ajouter. Mais pour le confort de lecture, on va détailler un peu, même si encore une fois, vous avez déjà l'essentiel…

On suit une adolescente débarquant dans une bourgade paumée de la campagne américaine, dont j'ai perdu le nom, après la mort de sa mère. Elle y vient accompagnée de son père, médecin, et va vite réaliser qu'il existe une surprenante césure entre jeunes cons souhaitant faire la fête, avoir des vues sur YouTube et boire des teq-pafs, et vieux traditionalistes qui veulent se la couler douce et vivre ad aeternam dans le calme immuable de leur patelin. Sur fond de gap générationnel viendra un élément faisant taire toute querelle : Frendo, clown-mascotte de la ville, apparait de-ci de-là et décapite allègrement nos chers teenagers.

On dirait qu'Adam CESARE s'est donné pour mission de « revisiter » le slasher, mais avec peu de moyens. Si l'on se coltine certains poncifs du genre (l'héroïne marginalisée plus intelligente que l'intégralité des demeurés avec qui elle traîne, le beau gosse sportif, la majorette, un endroit désastreux pour faire la fête en terme de survie, des moyens de tuer très médiévaux), l'auteur fait un effort pour s'en écarter, un peu, mais régulièrement. On notera l'idée d'un boogeyman multiple, assez marrante, de même que la vague teinte sectaire prise par la fin du récit. de la même manière, c'est plutôt judicieux de déconstruire le récit, naturellement orienté vers notre héroïne, pour ne plus placer cette dernière au centre. C'est en tous cas différent des centaines de slashers vus et revus (n'en témoigne mon visionnage récent du remake d'Halloween, que j'ai trouvé bon mais tellement « classique »).

Vous aurez compris, je l'espère, qu'Un Clown dans un Champ de Maïs, s'il est un poil différent de ses congénères, reste en gros un bouquin fun et marrant à lire sur la plage en posant l'encéphale à côté de la pina colada. Rien de spirituel, rien de transcendant, même sur le travail du genre. Je ne comprends par ailleurs pas comment il a remporté le prix Bram Stoker.

Prenez donc ce bouquin comme il est car c'est amplement suffisant : un slasher divertissant et déjanté, pour peu qu'on apprécie le genre.