J'ai trouvé ce Corps Tropical au pied du sapin, avec ce zeste de circonspection qui accompagne tout livre reçu en cadeau et donc parachuté dans ma sphère de lecture par une volonté autre que la mienne.
Le titre et le quatrième de couverture ont commencé leur travail de séduction et à partir de là, les choses n'ont fait qu'aller de bien en mieux au point qu'une semaine après l'avoir fini, l'heureux souvenir de cette lecture ne s'est toujours pas évanoui et m'empêche de rentrer de plein pied dans la suivante.
La réussite la plus éminente de ce roman tient à la psychologie singulière du héros, un homme sans envergure et sans passion qui habite sa vie du bout des lèvres. Il flotte à la surface du moment présent sans implication ni pour sa vie domestique, ni pour sa vie professionnelle.
Mais la livraison de documents à une mystérieuse cliente à une heure et demie de chez lui et la découverte concomitante d'une piscine tropicale vont ébrouer cette existence indolente et déclencher un domino de péripéties dont les ressorts exotiques vont se révéler progressivement plus obscurs que luxuriants.
Philippe Marczewski fait preuve tout au long de la narration d'un remarquable sens du mouvement. Il nous fait d'abord barboter avec son placide personnage dans la moiteur statique de la piscine tropicale pour ensuite mieux nous précipiter avec lui sur une trajectoire temporelle et géographique erratique à laquelle il consent tout autant qu'il la subit, comme un skieur qui tombe et continue de dévaler la pente sans rien faire pour freiner sa glissade.
Le style est délié et fluide et la fin qui pouvait être délicate à négocier est juste, parfaitement orchestrée et réussit comme le reste du récit à maintenir un fort accent de crédibilité malgré l'invraisemblance des situations.
Précipitez-vous sur ce Corps Tropical, quelle que soit la saison ou votre latitude, c'est un véritable régal.
Bonne lecture,
Dustinette