De base, je suis une inconditionnelle de Sepúlveda. Le fait de l'avoir écouté en conférence à Auxerre il y a quelques années n'a fait qu'aggraver ma Luismania. L'individu est charmant et drôle, sa vie est un roman. Ici, j'avoue que j'ai eu du mal à m'y retrouver dans l'histoire. Pas dans l'écriture (un peu dans la traduction datée de Maspero, par contre...), fidèle aux biais familiers de l'auteur, qui n'a pas son pareil pour animer une galerie de personnages pittoresques, sans fioritures excessives mais toujours justes, et diablement attachants. Malgré tout, cette plongée dans le for intérieur étonnant de combattants de la clandestinité latino-américaine avait de quoi me laisser un peu sur le bord de la route. Le thème de la dictature (fascisante en Amérique, communisante en Allemagne de l'Est) m'a toujours passionnée, comme la vue d'un python aux aguets peut fasciner le promeneur inconscient. Mais je ne parviens pas à m'intéresser le moins du monde au combat ni aux moyens employés dans ces guerres sans merci entre pouvoirs rivaux. Ou plutôt, j'y parviens de moins en moins, lassée que je suis par ces jeux aussi mortifères que pathétiques entre hommes qui jureraient avoir la raison et le bon droit de leur côté. Il me semble davantage qu'ils l'ont tout bonnement perdue, la raison, et que leur violence est notre défaite à tous. Mais peut-être était-ce là l'objectif de ce malin de Sepúlveda et le sens de son court chapitre final, que je vous laisse le soin de découvrir, si un voyage aux confins de la pampa vous dit...