« J'ai placé devant toi la vie et la mort, dit l'Éternel, et toi, tu choisiras la vie. » (passage du Deutéronome).


« Une poupée en chocolat » est bien le récit d’une femme qui a choisi de vivre et de témoigner au nom de tous ceux qu’on a si longtemps privés de parole: les adoptés transnationaux, des enfants qu’on n’a pas hésité à déraciner en tentant de faire table rase de leur passé sans se soucier des conséquences sur leur vie d’enfant et d’adulte (mal-être pouvant aboutir à leur suicide).


Ce livre est bien plus qu’un témoignage où s’entremêlent incontestablement colère, douleur et indignation, il nous offre en réalité une analyse juridico-economico-sociale argumentée et documentée. Je m’y suis plongée bien volontiers dans ces études avec curiosité pour y constater avec effarement que le sujet des adoptés transnationaux n’intéresse pratiquement personne dans notre beau pays. Peut-être parce que les adoptions transraciales renvoient à la définition même de la parentalité, un sujet qui cristallise encore aujourd’hui notre société française : « qu’est-ce qu’un parent biologique » d’un point de vue juridique ou le mythe du lien du sang prédominant en France alors qu’on voit de plus en plus de familles recomposées ou homoparentales, ce qui renvoie à la notion de justice reproductive où pourraient s’inscrire dans un continuum les questions de filiation…
Comment ne pas aborder la suprématie blanche ou encore le décolonialisme, Amandine Gay traite ces deux dimensions qui sont pourtant occultées dans les récits des adoptants et qui sont bien évidemment lourdes de conséquences pour les adoptés.


Pour tous, l’adoption se résume à un désir d’enfant et à des enfants abandonnés qu’on sauve. Ce sont bien là les messages martelés par les adoptants. Mais, ici, ce tableau idyllique ne résiste guère à la réalité de la brutalité du déracinement forcé infligé à des enfants qui vont être marqués à vie.


A l’heure où certains clament l’assimilation, prônent la hiérarchisation raciale du peuple français pluriel par le mépris et la division, ce livre est donc plus que nécessaire dans une société française en mal d’identité.

HélaSaïdi
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le 13 déc. 2021

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