Joseph est jeune, intelligent, instruit... et noir.


Joseph est mort.


Une Vie de Boy est le journal de Joseph. De Toundi. De Joseph Toundi. Un journal écrit dans des cahiers d'écoliers. Un journal que l'auteur découvre après que Joseph soit mort dans ses bras. Loin de chez lui. De l'autre côté de la frontière. En sécurité.


Le journal de Joseph, tel qu'écrit par Ferdinand Oyono, c'est l'Afrique coloniale vue par les yeux d'un Noir. D'un boy. D'un domestique. Un de ceux qui ne comptent pas et qui pourtant est là. Un de ceux qui ne comptent pas, et qui pourtant voit tout. Sait tout. Sait trop. Et en meurt.


Toundi pour les Noirs, Joseph pour les blancs, voit les Noirs et les Blancs. Dans une Mission d'abord, chez le Commandant ensuite. Le Commandant, représentant tout-puissant de l'Autorité parisienne, et mari trompé. Le Commandant, dominateur, énergique, réduit à l'état de larve par son épouse. Le Commandant, lâche, comme la plupart des hommes blancs que croise Joseph.


Une Vie de Boy, avant d'être une dénonciation de la colonisation, et du racisme, est un livre sur la lâcheté masculine. Un livre dans lequel les femmes, noires ou blanches ont, sinon le beau rôle, le rôle fort. Un livre dans lequel les hommes ne sont que de pauvres choses vulnérables et tristes, dans un monde artificiel, même s'ils sont puissants.


Surtout s'ils sont puissants.


Ce que Joseph n'aurait pas dû voir.

lambertine
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le 7 mai 2018

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